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Nucléaire, biodiversité, alimentation... Après le départ de Nicolas Hulot, les inquiétudes d'associations écologistes

La démission du ministre de la Transition écologique, mardi 28 août, est vue comme un signal de mauvais augure pour les associations écologistes interrogées par franceinfo.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, le 8 janvier 2018 sur une éolienne à Juillé (Sarthe). (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Elles ne sont pas surprises. Après la démission, mardi 28 août, du ministre de la Transition écologique et solidaire, les associations écologistes interrogées par franceinfo confient qu'elles s'attendaient à une telle annonce. "Nicolas Hulot avait parlé de sa possible démission dès le début. Je me souviens que lors de notre première rencontre avec lui, à l'été 2017, il nous avait dit 'ce n'est peut-être qu'un job d'été'", raconte Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. 

>> Démission de Nicolas Hulot : suivez les dernières réactions en direct.

Mais, à entendre ces organisations de défense de l'environnement, le départ du ministre d'État n'est pas une bonne nouvelle pour une série de dossiers sur lesquels il ne pourra plus peser.

Sur le nucléaire

Opposé au nucléaire, qu'il a encore qualifié de "folie inutile" mardi 28 août, l'ancien ministre a essayé de peser sur ce sujet, sans grand succès, pendant son passage au gouvernement. Il avait en particulier dû endosser le report de l'objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025 à "2030 ou 2035". Très engagé sur cette question, Greenpeace craint que son départ ne donne un coup d'arrêt à cette réduction de la part du nucléaire. "C'est la porte ouverte à un entêtement sur ce sujet, redoute auprès de franceinfo Jean-François Julliard. S'il était le seul à porter cette idée, qui va le faire désormais ? Personne. Il y a un risque de retour en arrière ou d'immobilisme."

Je ne sais pas ce que sera sa vie mais j'espère qu'il portera haut et fort ce positionnement antinucléaire.

Jean-François Julliard, de Greenpeace France

à franceinfo

Les arbitrages sur la future feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie), attendue dans les prochains mois, seront donc scrutés de près après ce départ. Dans des confidences estivales à Libération, Nicolas Hulot avait pronostiqué : "Si je m'en vais, il va y avoir trois EPR [réacteurs nucléaires de troisième génération] de plus dans les prochaines années."

Sur l'alimentation et l'agriculture

En novembre 2017, Nicolas Hulot avait plaidé avec succès et contre son collègue de l'Agriculture, Stéphane Travert, pour que la France interdise le glyphosate, un herbicide controversé, dans les trois ans. Une victoire rapidement assombrie par l'annonce de dérogations et le rejet d'un amendement qui voulait inscrire ce calendrier dans la loi. "On sait à quel point il a rencontré de l'opposition sur ce sujet", se souvient Jean-François Julliard, qui redoute, comme sur le nucléaire, que plus personne ne porte ce sujet au gouvernement. En cours de discussions, le projet de loi Alimentation issu des états généraux était déjà dénoncé comme une "coquille vide" par des ONG avant le départ de Nicolas Hulot.

Sur l'ours et la biodiversité

En juillet 2018, Nicolas Hulot avait présenté un plan pour enrayer la disparition accélérée de la biodiversité. En mars, il avait personnellement annoncé le renforcement de la population d'ours dans les Pyrénées, avec l'arrivée de deux femelles dans le département des Pyrénées-Atlantiques, provoquant la colère des élus locaux. "Le renforcement va-t-il se réaliser malgré tout ?", s'interroge sur franceinfo Jean-François Darmstaedter, président de l'association Ferus, qui défend la "protection et la conservation de l'ours, du loup et du lynx". "On pense que le décret n'a pas été signé et cela nous inquiète vraiment."

En Béarn, Jérôme Ouilhon, animateur du Fonds d'intervention éco-pastoral (Fiep), est plus optimiste. "Il n'y a pas de raisons que l'exécutif renonce. Ce n'était pas une décision de Nicolas Hulot mais du gouvernement", assure-t-il à franceinfo, avant de rappeler les résultats de la consultation publique, favorable au plantigrade.

Mais les opposants à l'ours entendent bien profiter de ce départ. "Nous sommes soulagés mais nous restons concentrés sur l'objectif : ne pas permettre la réintroduction de l'ours", dit à l'AFP Julien Lassalle, de l'association des bergers et éleveurs transhumants des 3 vallées béarnaises.

Sur l'ambition écologique du gouvernement

De manière générale, les associations redoutent que le départ de Nicolas Hulot ne sonne le glas de l'écologie au gouvernement. "Nous avons toujours en tête ce que disait Macron pendant la campagne électorale, que la transition écologique serait le fil de son action. Nicolas Hulot a fait le constat que ce n'était pas le cas", regrette Alain Chabrolle, vice-président de France Nature environnement.

Nous allons le regretter par la sincérité de son engagement et par la voix qu’il représentait. Nous aurions été ravis qu’il réussisse.

Alain Chabrolle, de France nature environnement

à franceinfo

Pour Jean-François Julliard, il n'y a pas grand chose à attendre de son remplaçant. "Nicolas Hulot, qui avait de vraies convictions, a échoué. Quelqu'un avec moins de convictions échouera tout autant, estime-t-il. Le nom de son remplaçant nous importe moins que le fait qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe n'ont toujours pas d'ambitions écologiques et environnementales." Alain Chabrolle espère lui que ce départ sera "un électrochoc pour le gouvernement, le monde économique et la société civile". Et de rappeler : "Nous sommes 850 000 adhérents à la fédération France nature environnement. Je pense qu'on mérite d'être entendus au même titre que les chasseurs ou les agriculteurs."

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