"La rivière a carrément changé de lit, elle est maintenant dans nos vignes" : dans l'Aude, des hectares rendus méconnaissables par le déluge
S'il est encore trop tôt pour chiffrer les dégâts, les viticulteurs sinistrés par les intempéries du 15 octobre dans l'Aude savent que la facture sera importante et les effets visibles sur plusieurs années. C'est le cas à Ventenac-Cabardès.
Les vignobles de l'Aude n'ont pas été épargnés par les inondations du 15 octobre. L'heure est au nettoyage et aux constats. La facture des dégâts n'est pas encore précisée mais au domaine Maison Ventenac, à Ventenac-Cabardès, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Carcassonne, on sait que le montant sera élevé.
Il y a quelques années, Stéphanie Ramé a repris le domaine de son père, une appellation cabardès de 130 hectares. Aujourd'hui, il est méconnaissable. Depuis quatre jours, les ouvriers nettoient le chai. Le bâtiment, niché au creux d’un vallon, a été submergé par la crue impressionnante d’un minuscule ruisseau transformé en torrent.
"On passe la raclette toute la journée. On trie, on essaye de sauver ce qui peut être sauvé et on jette le reste", explique Stéphanie Ramé. Les dégâts des inondations sont importants. Quelque 250 palettes prêtes à la livraison sont désormais invendables.
"En gros, il y avait 30 000 bouteilles. Il fallait les sortir des cartons, retirer les étiquettes, rhabiller les bouteilles, explique l'agricultrice. Ça ne vaut pas le coup financièrement. Il vaut mieux que ça parte à la casse." Ce sont des centaines de milliers d'euros qui disparaissent, ajoute la jeune femme.
Stéphanie Ramé constate les dégâts : "Des vignes ont été ravagées par les inondations et le torrent. Du coup, des rangs sont couchés." Et il y a le problème de déchets dans les vignes, notamment du goudron qui a sauté sous la force des flots.
Le déluge a brutalement changé la nature. "La rivière avait carrément changé de lit. Elle est maintenant dans nos vignes, avec un débit beaucoup plus calme qu'en début de semaine", indique Stéphanie Ramé.
Pour son mari, Olivier, les mauvaises saisons s’enchaînent. Il pointe un responsable : le changement climatique. "On a déjà eu un millésime compliqué avec le passage en bio sur une année très pluvieuse. Ensuite, la sécheresse, et maintenant les inondations... Ça devient compliqué d'être agriculteur", lance-t-il. Plus globalement, le réchauffement climatique est à prendre en compte, dit-il. "On ne peut pas revenir en arrière, alors soyons prévoyants en essayant de penser une nouvelle agriculture avec des nouveaux cépages et de nouvelles façons de fonctionner", préconise le viticulteur.
De nombreux domaines dans la région ont été touchés, certains plus durement encore que la Maison Ventenac.
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