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"La récolte en céréales est très en deçà de ce qui était attendu", selon Laurent Pinatel de la Confédération paysanne

Le porte-parole de la Confédération paysane estime que les moissons s'annoncent mauvaises, même si "on remarque une meilleure qualité qui permettra de limiter la casse".

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Une exploitation agricole à Sebourg (Nord), le 25 juillet 2018.  (1 / MAXPPP)

Les moissons s'annoncent plutot décevantes cet été, selon Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Il a déclaré à franceinfo dimanche 5 août que "la récolte en céréales est très en deçà de ce qui était attendu". En revanche "on remarque une meilleure qualité qui va permettre de limiter la casse", a relativisé le Ligérien. Laurent Pinatel assure qu'il va falloir "revoir le système agricole et se dire qu’il y a des cultures qui méritent d’être un peu moins irriguées et privilégier les cultures qui créent des valeurs ajoutées, comme la production de légumes et la production fruitière".

franceinfo : Les moissons sont-elles décevantes cette année ?

Laurent Pinatel : Effectivement, on voit bien que les caprices météo du printemps, c'est à dire excès d’eau et excès de chaleur, font que la récolte en céréales est très en deçà de ce qui était attendu. Mais on remarque une meilleure qualité qui va permettre de limiter la casse, mais casse il va y avoir au niveau du revenu.

Il y a une chute de 10% de la production de céréales par rapport à l’an dernier. C'est ce que vous avez constaté ?

Dans ce secteur très spécifique de la production de céréales, on voit que les mauvaises années se succèdent que ce soit au niveau des récoltes ou au niveau des prix. Si la récolte est moins bonne en quantité mais meilleure en qualité, les prix ont l’air de se tenir encore un peu. En mai, nous avons eu un épisode pluvieux, il y avait un excès d’eau. Nous à Saint-Étienne (Loire), on était ici sur des prairies où on ne pouvait pas récolter de foin parce que c’était trop humide en mai, et dès qu’il s’est arrêté de pleuvoir, on est rentré dans une période de sec, où il n’a pas replu depuis, sans parler des épisodes de grêle qu’on a pu connaître dans le Rhône ou dans le Bordelais. Ces épisodes deviennent plus violents et plus réguliers, ce qui doit nous alerter sur le changement climatique. Il y a un problème qu’on ne peut plus nier.

Avec ces périodes de sécheresse, où en est-on au niveau des réserves d'eau ?

Sur l’eau, on a un vrai problème. La récurrence des épisodes secs font que l’hiver, les nappes phréatiques ont du mal à se reconstituer complètement, il y a un vrai conflit d’usage de l’eau. Et à terme, on voit bien qu’il n’y aura pas de l’eau pour tout le monde, donc il va falloir que des décisions politiques se prennent pour orienter l’utilisation de l’eau en priorité vers les cultures de légumes, de fruits, à toutes les productions qui sont consommées directement par l'Homme et non pas par les animaux. Ce qui va obliger les céréaliers à avoir des pratiques différentes. Il faut savoir qu’on ne pourra peut-être pas toujours irriguer le maïs et qu'il va falloir s’adapter dès à présent. Si on stocke l’eau, on prive les ressources naturelles d’approvisionnement. Il va falloir revoir le système agricole et se dire qu’il y a des cultures qui méritent d’être un peu moins irriguées et privilégier les cultures qui créent des valeurs ajoutées, comme la production de légumes et la production fruitière.

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