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Guerre en Ukraine : "Les prix" de l'alimentaire "flambent à cause d'un manque de disponibilité à court terme", explique le directeur d'Agritel

Selon Michel Portier, "les prix vont rester extrêmement élevés jusqu'à la prochaine récolte sur l'hémisphère nord pour le blé et le maïs."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'Ukraine a ne peut pas exporter son blé, qui reste dans des silos mais ne peut pas être transporté en bateau. (Photo d'illustration) (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS)

Michel Portier, directeur d’Agritel, cabinet d’analyse et de conseil spécialisé dans les marchés agricoles et agro-industriels, estime vendredi 4 mars au soir sur franceinfo que, avec la guerre en Ukraine, les prix de l'alimentaire "flambent à cause d'un manque de disponibilité à court terme".

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franceinfo : Pourquoi la France qui produit autant de céréales est-elle si impactée ?

Michel Portier : La France est le premier pays exportateur de blé au niveau de l'Union européenne, mais les cours et les marchés sont totalement mondialisés. Les gros acheteurs de blé, à commencer par l'Egypte, avaient acheté du blé pour une livraison rapprochée, qui aurait dû parvenir entre le mois de mars et le mois de juin, d'origine russe ou ukrainienne. Or, ces origines-là ne peuvent être chargées compte tenu du contexte de guerre. Ils sont donc obligés de racheter ça sur la scène internationale. On ne manque pas de blé dans le monde, mais il y a un problème de logistique. L'Ukraine avait encore 6 millions de tonnes de blé à exporter jusqu'au mois de juillet, la Russie en avait 8 millions de tonnes, qui sont dans des silos mais ne peuvent pas être transportés ! Il n'y a plus un bateau qui navigue sur la mer Noire, donc les acheteurs sont obligés de se tourner vers d'autres origines [pour le blé], dont la France. Les prix flambent à cause d'un manque de disponibilité à court terme.

Cette hausse des prix peut-elle encore durer longtemps ?

Il faudrait demander à Monsieur Poutine si cette guerre va encore durer longtemps. C'est extrêmement difficile d'avoir des prévisions sur le moyen et long terme. Ce qui est certain, c'est que les prix vont rester extrêmement élevés jusqu'à la prochaine récolte sur l'hémisphère nord pour le blé et le maïs. Les prix du blé vont rester très élevés au moins jusqu'au mois de juillet. Les prix du maïs, comme la récolte est un peu plus tard, vont rester extrêmement élevés certainement jusqu'au mois d'octobre. Le maïs européen, mais surtout américain, a une problématique sous-jacente : nous avons une législation européenne qui interdit les importations d'OGM, alors que les Etats-Unis sont le premier producteur au monde.

Quelles sont les conséquences ?

La première conséquence, c'est pour les éleveurs, une très forte hausse des coûts pour nourrir le bétail alors que les prix de la viande sont plutôt orientés à la baisse. Pour le consommateur, je dirais que l'impact dans les magasins devrait être relativement modeste. Même si le prix du blé flambe, cela représente moins de 10% du prix de la baguette de pain par exemple. En ce qui concerne l'élevage, les prix de la volaille et du porc restent extrêmement bas. Je ne suis pas très inquiet. Là où, très clairement, il va y avoir un impact pour le consommateur, ce sont sur les huiles. L'Ukraine à elle seule exporte 50% du marché mondial de l'huile de tournesol. Si on prend la production de graines de tournesol en Ukraine et Russie, on arrive à 80% de la production mondiale. Donc là, pour le coup, on se tournera certainement vers d'autres d'autres huiles.

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