Glyphosate : la France doit "sortir de cette substance chimique le plus rapidement possible", estime la secrétaire d'Etat Brune Poirson
Invitée de franceinfo, la secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a confirmé que la France allait voter contre la réautorisation du glyphosate pour cinq ans, lors du comité d'appel de l'UE lundi.
Les Etats membres de l'Union européenne doivent voter une dernière fois, lors d'un comité d'appel, lundi 27 novembre à Bruxelles, sur un renouvellement pour cinq ans de la licence du glyphosate. Lors d'une réunion d'experts, le 10 novembre, la France s'était prononcée contre cette prolongation. Aujourd'hui, elle va voter contre la réautorisation de l'herbicide pour cinq ans, confirme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, invitée de franceinfo lundi 27 novembre. "L'enjeu est de sortir le plus rapidement possible de cette substance chimique, en tout cas en France", explique-t-elle.
franceinfo : La Commission européenne propose de prolonger l'autorisation du glyphosate pendant cinq ans. Quelle sera la position de la France ?
Brune Poirson : Aujourd'hui, la France va voter contre la réautorisation du glyphosate pour cinq ans qui est proposée par la Commission européenne. Nous voulons prendre nos responsabilités parce que le glyphosate est un produit qui est potentiellement risqué pour la santé des Français et pour l'environnement et la biodiversité. Dans ce contexte, nous voterons contre la réautorisation. Nous proposons un véritable plan de sortie du glyphosate. Nous voulons sortir du glyphosate pour une durée inférieure à cinq ans. C'est difficile, c'est un véritable défi technique, mais nous sommes déterminés à le relever.
Moins de cinq ans qu'est-ce que cela veut dire pour vous : deux ans, trois ans, un an ?
On ne va pas chipoter sur les années. Ce qu'il faut c'est se mettre un plan de sortie du glyphosate. L'enjeu est de sortir le plus rapidement possible de cette substance chimique, en tout cas en France. C'est un gros défi scientifique, il faudra mobiliser nos ingénieurs, nos scientifiques, nos agriculteurs, de façon à trouver des substituts qui soient aussi efficaces que le glyphosate, mais moins nocifs. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Nous le ferons aussi en travaillant avec les Etats européens qui sont les plus mobilisés sur cette question. Nous n'allons pas laisser nos agriculteurs au bord de la route. C'est d'ailleurs pour ça que nous ne voulons pas sortir du glyphosate du jour au lendemain, parce qu'il y a beaucoup d'agriculteurs qui en ont besoin.
Pourquoi l'Europe n'arrive-t-elle pas à trouver un consensus sur cette question ?
Parce que les Européens sont divisés. Ce que nous voulons impérativement éviter c'est un concours de lâcheté. Nous avons poussé pour que les Etats européens prennent leurs responsabilités. Ils auront à répondre à leurs opinions publiques et c'est cela qui se joue. C'est vrai que plusieurs études sont sorties. L'OMS a classé le glyphosate comme "probablement cancérigène". Nous disons "potentiellement risqué" parce que c'est comme ça que nous nous situons, que nous voyons cette substance-là. Au-delà de ça, je crois que la question posée est celle de la rigueur des organismes européens de recherche sur les substances chimiques. C'est là-dessus que nous voulons pousser, que nous voulons travailler. Nous avons déjà commencé à le faire.
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