Distance dans les vignes et les logements, kit sanitaire pour les saisonniers... : dans le Beaujolais, des vendanges précoces et adaptées au Covid-19
25 000 vendangeurs sont attendus dans ce vignoble du Rhône où la récolte démarre avec quinze voire vingt jours d'avance. Les vignerons oscillent entre préoccupations sanitaires et climatiques.
Dans le Beaujolais, les premiers coups de sécateurs ont été donnés cette fin de semaine. Le gros des vendangeurs arrivera plutôt la semaine prochaine. Ce qui fait de 2020 le millésime le plus précoce depuis celui de la canicule de 2003. Si les vignerons assurent ne pas avoir été pris de court par la météo - comme cela avait pu arriver en 2003 - ils se montrent préoccupés par le coronavirus.
Vendanger pour ne plus cauchemarder
Un dernier tour dans ses vignes de Morgon (Rhône), les raisins de Gamay sont bien mûrs, Jean-Marc Burgaud a désormais hâte que les vendanges commencent. Le vigneron espère ainsi chasser un mauvais rêve : "Au début de l'épidémie [de covid-19], quand on a entendu parler sérieusement de l'évolution du virus, j'ai cauchemardé trois nuits où j'étais dans mes vignes avec une récolte superbe mais personne pour récolter et je ne pouvais pas ramasser mes raisins."
Fort heureusement, il n'en sera rien. Les vendangeurs seront bien là lundi 24 août. D'ici là, il reste encore un peu de travail en cave. "On a fait quelques commandes de dernière minute parce qu'après pour les vendanges, ce n'est plus possible. On fait les étiquetages pendant les après midi où il fait très chaud, on est beaucoup mieux à la cave", explique Jean-Marc Burgaud.
Un kit sanitaire pour les saisonniers
Tout le reste est prêt. Le protocole sanitaire pour les vendanges, notamment. "On a des consignes pour le transport où tous les gens devront être masqués. Pas forcément de consignes dans les vignes, comme on vendange sur des vignes qui ne sont pas palissées, on n'est pas deux par rang, donc il y a naturellement quand même une distance. Et pour les gens qui restent sur place et qui ont des logements, on a des chambres avec des lits séparés de 1 mètre ou 1,50 mètre. Et puis il y a une réglementation, un affichage."
Au total, 25 000 vendangeurs sont attendus dans la région. Chacun aura son kit individuel."On a prévu pour les vendangeurs un petit sac banane avec un petit verre individuel, deux masques qui sont offerts par la région, décrit la vigneronne Nadège Fellot, qui a participé aux réunions préparatoires. Des masques lavables parce que c'est l'objectif : se distancier et individualiser."
Le domaine a aussi loué une tente et des tables pour les repas. Un surcoût qu'Emmanuel Fellot veut relativiser. Lui, c'est la météo qui l'inquiète.
Aujourd'hui et demain ce sont des jours à 35 degrés. Ça nous fait perdre beaucoup plus que le Covid.
Emmanuel Fellot, vigneronà franceinfo
"Tous les vignerons savent que ces jours excessifs, de chaleur, ça nous faire perdre beaucoup en quantité, affirme le vigneron. Ils vont perdre des milliers d'euros alors que le Covid, c'est plus un tracas, un souci, le souci de ne pas être malade."
Pas d'impact sur le millésime 2020 a priori
Avec l'enjeu sanitaire et financier, on en oublierait presque de parler du goût. Avec un raisin récolté quinze voire 20 jours en avance, dans certains cas, quel impact cela aura-t-il sur la qualité du millésime 2020 ? Cela ne changera pas grand chose selon Florence Hertaut, conseillère en viticulture à la Chambre d'agriculture du Rhône. "La maturité a eu lieu entre fin juillet et début août, plus vite que les autres années mais ça ne change rien. Le travail du vigneron reste le même : surveiller ses parcelles, les vendanger au meilleur moment et puis après, faire au mieux son job de vinification en fonction des capacités qu'il décèle dans chacune de ses parcelles." Pour un diagnostic plus précis, il faudra donc attendre la fin des vendanges, évidemment, mais surtout des vinification d'ici un mois.
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