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Des "speed datings" pour les agriculteurs qui peinent à transmettre leur exploitation : "Arrivés à la fin, on voudrait bien retrouver un petit capital"

Confrontés au manque de repreneurs à qui transmettre leurs exploitations, les agriculteurs bientôt retraités sont invités à rencontrer des acheteurs potentiels lors de journées thématiques en Bretagne. 

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Dans une ferme de Maxent (Ille-et-Vilaine), le 14 décembre, journée de formation destinée aux agriculteurs qui s'apprêtent à céder leur exploitation.  (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

C'est un problème récurrent dans le monde agricole : le déséquilibre se creuse entre les départs à la retraite et les arrivées de jeunes exploitants et le nombre de fermes diminue. "On s'inquiète un peu pour la suite, on essaye de prendre les devants pour essayer de transmettre l'exploitation du mieux possible", explique par exemple Yannick Blin. Malgré ses 70 hectares aux portes de Rennes (Ille-et-Vilaine) et une soixantaine de vaches laitières, son exploitation a du mal à séduire. Découragés par la charge de travail, les revenus incertains, les horaires aléatoires, le dénigrement des agriculteurs, les jeunes se détournent de la terre.

À quelques mois de sa retraite, l'agriculteur n'a toujours pas trouvé de repreneur : "Nous, quand on s'est installés, on est partis de zéro, on a fait les constructions de bâtiment... Aujourd'hui, arrivés à la fin, on voudrait bien retrouver un petit capital de notre travail."

En Bretagne, première région agricole de France, deux agriculteurs sur trois ne sont pas remplacés. 56% des agriculteurs de la région ont plus de 50 ans et prévoient de partir en retraite dans les dix ans. C'est le cas de Gérard Feutelais, exploitant laitier de 57 ans. Lui aussi prépare sa succession, mais s'inquiète de la perte d'attractivité du métier. "On a l'impression qu'on produit mal, qu'on maltraite nos bêtes, déplore l'agriculteur, on est tout le temps sous pression, ce qui n'existait pas avant."

"La réglementation change tout le temps, des contraintes, des normes, des nouvelles réglementations qui sont mises en place... on ne sait pas où on va !"

Gérard Feutelais, agriculteur

à franceinfo

Pour faciliter les démarches, le syndicat des Jeunes agriculteurs organise des journées thématiques. Elles se tiennent dans des fermes avec des agriculteurs qui veulent céder leur exploitation et des acheteurs potentiels. "C'est intéressant parce qu'on va pouvoir choisir les exploitations, où on peut s'installer", se félicite par exemple Antoine, 32 ans.  

Ces rendez-vous aident parfois à conclure une transaction, mais le principal objectif, c'est d'alerter les futurs retraités sur l'importance de préparer ce moment. "Certains voient ça un an ou deux ans avant alors qu'il faut s'y préparer au moins cinq ou six ans avant, explique François Dufil, responsable du dossier installation aux Jeunes agriculteurs. Rien que pour le repreneur, il faut faire le bilan de son exploitation, anticiper par rapport aux banques, aux centres de gestion, ça passe très vite et ça peut être compliqué, par moment."

Environ 650 exploitants s'installent, tous les ans, en Bretagne. La première région agricole de France s'est fixée comme objectif de franchir le cap des 1 000, d'ici 2028.

Des "speed-datings" pour transmettre son exploitation agricole en Bretagne - reportage de Sébastien Baer

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