Alimentation : l'Europe déverrouille le marché des semences
L'Union européenne a voté l'ouverture du marché des semences, jusqu'alors réservé aux multinationales telles que Monsanto. Une très bonne nouvelle pour les producteurs paysans et les consommateurs.
L'Union européenne vient de voter l'ouverture du marché des semences. Cela signifie que dès 2021, les agriculteurs bio pourront vendre des graines issues de leurs propres récoltes. On les appelle les "semences paysannes". "C'est un bon point, a priori, par rapport au combat qui est mené depuis plus de 40 ans sur le blocage des semences paysannes et l'hégémonie qui a été donnée aux lobbies de l'agroalimentaire et de la pétrochimie. On valorise la biodiversité, l'autonomie et la capacité à choisir et à qualifier des paysans", explique Agathe Roubaud, de l'UPP (Université Populaire de Permaculture).
75% des aliments consommés dans le monde issus de 12 espèces végétales et 5 animales
Mais alors, comment ça se passait jusqu'à maintenant ? Selon un décret de 1981, il était illégal de vendre des graines ne figurant pas sur le catalogue officiel des semences autorisées. L'objectif était d'assurer "une sécurité pour tous les utilisateurs", rappelle Benoît Faucheux, agriculteur et membre du GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences et plants). "Pour le consommateur final, ça lui apporte la sûreté que le produit qu'il achète est bien conforme à ce qui est marqué sur l'étiquette", ajoute-t-il.
Or, pour inscrire une variété dans ce catalogue, il fallait débourser entre 6 000 et 15 000 €. Finalement, il n'y avait que le géant Monsanto-Bayer, leader du marché mondial de semences et pesticides, ou encore le conglomérat DuPont-Dow, numéro 1 mondial des engrais, pour faire entrer leurs variétés dans ce club quelque peu VIP. "Ҫa casse l'hégémonie du fameux catalogue des semences. Il y a une nouvelle base de données qui va être créée. Elle va être gérée par les producteurs. Les producteurs en bio seront tenus de se servir dans cette base de données là", salue Agathe Roubaud. En effet, auparavant, même les producteurs bio devaient se fournir chez les multinationales. On devrait pouvoir espérer davantage de diversité dans l'assiette, car pour l'instant, 75% des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales et cinq espèces animales.
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