Agriculture : dans la Loire, "30 à 35 % des installations se font hors cadre familial"
Malgré la crise qui secoue le monde agricole, la filière séduit et des "néo-agriculteurs" s'installent. Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire, analyse le phénomène pour franceinfo.
Le Salon de l’agriculture a ouvert ses portes samedi 25 février dans un contexte de crise de la filière. Paradoxalement, les lycées agricoles affichent complets et de nombreux élèves inscrits ne sont pas issus du milieu agricole.
Ce phénomène est "national", assure Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire et membre de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture. L'exploitant tire un bilan positif de l'arrivée massive de ces néo-agriculteurs venus occuper les exploitations désertées par des enfants d'agriculteurs peu motivés. "Aujourd’hui, 30 à 35% des installations agricoles dans mon département se font hors cadre familial. Les choses fonctionnent", a-t-il expliqué sur franceinfo.
franceinfo : Ce "retour à la terre" est-il un phénomène récurrent ?
Raymond Vial : C’est un phénomène national. L’agriculture ne fournira pas assez de bras. Les enfants d’agriculteurs sont de moins en moins nombreux à embrasser ce métier. Dans les lycées agricoles, beaucoup de jeunes sont issus de milieux non-agricoles. Quand ils entrent en formation, ils ont un idéal du métier. Le rôle de la formation est de leur ramener les pieds sur terre. Nous constatons également que certains abandonnent et reviennent plus tard vers un métier agricole, lorsqu’ils ont la quarantaine. Beaucoup de jeunes entre 35 et 40 ans font le choix de venir dans ce métier-là.
De quel montant a-t-on besoin pour ce lancer dans l'agriculture ?
Cela dépend du type d’exploitation. Beaucoup d'exploitations maraîchères se développent en périphérie des villes, avec des petites surfaces d’un hectare. Il y a aussi des exploitations d’élevage.
Aujourd’hui, en moyenne, un jeune qui passe par le biais des aides à l’installation a besoin d'environ 50 000 euros pour se lancer
Raymond Vialfranceinfo
Certaines régions sont-elles plus favorables que d’autres pour s’installer ?
Non, je pense que c’est une volonté politique des régions et des départements pour mettre en relation des cédants n’ayant pas d’enfants intéressés avec des futurs repreneurs. Le renouvellement des générations dans l'agriculture est le grand défi à réaliser. Dans les dix ans à venir, un agriculteur sur deux arrivera à la retraite.
Quel bilan tirez-vous de l’arrivée de ces néo-agriculteurs dans votre département ?
Aujourd’hui, 30 à 35% des installations agricoles dans mon département se font hors cadre familial. Les choses fonctionnent, au point que nous faisons des "fermes dating". Nous faisons rencontrer des cédants et des repreneurs sur une journée, puis les jeunes décident d’aller voir telle ou telle exploitation. L’an passé, grâce au "ferme dating", cinq dossiers sont en cours de réalisation d’installation. Au bout de 5 et 10 ans d’installation, 95 à 98% des jeunes sont toujours présents dans leur exploitation".
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