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"Le bénévolat ne se décrète pas" : le RSA sous conditions, testé à Dijon et en Alsace, ne fait pas l'unanimité

Emmanuel Macron propose de conditionner l’allocation du RSA à des heures hebdomadaires d’activité ou de formation. À Dijon, depuis 2020, des bénéficiaires sont déjà encouragés au bénévolat. Le bilan de l’expérimentation est mitigé.

Article rédigé par franceinfo - Valentin Houinato
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Christophe donne des cours de Code de la route aux Restos du Coeur et profite de son temps libre pour réparer des ordinateurs. (VALENTIN HOUINATO)

Au sous-sol du centre de réinsertion et de distribution des Restos du coeur de Dijon, Christophe, bénéficiaire du RSA depuis presque deux ans, profite de son temps libre pour réparer les ordinateurs et donner des cours de code de la route aux Restos du cœur au moins cinq heures par semaine. La ville encourage en effet depuis 2020 les bénéficiaires du RSA à réaliser des heures de bénévolat sur la base du volontariat.

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Bénévolement, donc, comme le propose l'actuel président de la République, Emmanuel Macron : le candidat à sa réelection propose ainsi dans son programme électoral que les quelque 1,95 million de bénéficiaires de l'allocation réalisent 15 à 20 heures d'activité ou de formation par semaine. Une proposition qui a semé le trouble dans son propre camp et fait débat, notamment du côté des associations.

"Le bénévolat, ça nous permet déjà d'être utile et d'aider des gens qui sont au même niveau que nous et de retrouver une certaine place dans une société", souligne Christophe, qui concède aussi volontier que chacun ne peut pas en faire autant.

"Il ne faut pas se leurrer, le bénévolat, ça coûte cher : il faut pouvoir se déplacer en voiture, par exemple."

Christophe, bénéficiaire du RSA et bénévole

à franceinfo

"Moi, j'habite au milieu du village et si je fais mon bénévolat à Dijon, aux Restos du cœur, j'ai une heure de route à l'aller, deux heures de route en tout, et il faut se déplacer en voiture, poursuit Christophe. Et à 500 euros par mois, il y a d'autres priorités, comme manger, entre autres !"

L'expérimentation ne fait pas l'unanimité dans le milieu associatif

En Côte d'Or, c'est l'association France Bénévolat et Daniel Jaquier qui font le lien entre le Conseil départemental et les bénéficiaires du RSA. Daniel Jaquier n'est pas vraiment convaincu par un revenu soumis à conditions. "Pour être engagé dans la vie associative depuis longtemps, prévient Daniel Jaquier, on sait bien que le bénévolat ne se décrète pas, n'est pas obligatoire et c'est vraiment la volonté de chacun que de s'insérer dans une association pour s'y sentir utile, reconnu et compétent."

En Alsace, l'expérience a été tentée de conditionner le versement du RSA à un engagement associatif à sept heures de bénévolat obligatoire. Une mesure retoquée au bout de quelques mois seulement par le tribunal administratif. "Depuis, indique Frédéric Bierry, président du conseil régional d'Alsace, le bénévolat est proposée sur la base du volontariat. Bilan : nous avons 41 000 bénéficiaires du RSA sur le périmètre alsacien et aujourd'hui, il y en a à peu près 300 qui ont des activités associatives." C'est-à-dire moins de 1%, selon les associations. Le vrai problème, sur le terrain, est l'accompagnement dans les zones les plus rurales : il arrive que des bénéficiaires ne voient pas de conseillers en insertion pendant plusieurs années.

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