"Je ne sais pas ce qu'on va devenir" : l'inquiétude des salariés d'Ascoval, menacée de fermeture
Le tribunal de Strasbourg doit se prononcer mercredi sur l’avenir d’Ascoval, l’aciérie de Saint-Saulve, près de Valenciennes. Chez les ouvriers, c'est surtout la résignation qui domine.
Les salariés d'Ascoval à Saint-Saulve, près de Valenciennes (Nord) ont cessé le travail alors que le tribunal de Strasbourg doit se prononcer mercredi 24 octobre sur le sort de leur entreprise, en redressement judiciaire. L’aciérie est menacée de fermeture, faute de garanties apportées à l’unique candidat à la reprise. L'avenir paraît sombre à Laurent, depuis plus de 20 ans à l'usine, où travaillait déjà son père.
"Un métier de dinosaure"
Sur le piquet de grève, des pneus brûlent à côté des ouvriers en veste de chantier. "J'ai 45 ans. Je travaille chez Ascoval depuis 24 ans", explique Laurent. "Je suis comme beaucoup de personnes ici, de la 'deuxième génération'. Mon père travaillait là, et quand il a fallu trouver du travail, on est venu. Il y avait de la place, ils embauchaient. On a essayé, ça nous a plu, on est resté."
Son métier ? "C'est difficile à expliquer. Je suis opérateur de plancher. On pourrait dire 'quenouilleur' mais ce n'est pas un métier qui existe. C'est bien spécifique, très technique : manipuler de l'acier liquide, ce n'est pas évident. C'est pas comme de l'eau", poursuit l'employé d'Ascoval. Un métier qu'il a appris à aimer, mais qui est en voir de disparition. "Je ne sais pas ce qu'on va devenir. C'est vraiment un métier de dinosaure comme on dit entre nous. Il n'y a plus grand monde qui le pratique."
"Qu'est-ce qu'on peut y faire ?"
Ascoval à Saint-Saulve est peut-être l'aciérie la plus moderne de France, mais elle va sans doute fermer. C'est au tribunal d'en décider, mais si l'administrateur judiciaire compte demander le report de l'audience, ça ne changera pas la donne. D'où le blocus de l'usine. Depuis lundi matin les ouvriers se relaient pour empêcher le principal client, l'usine Vallourec située juste à côté de tourner : rien n'entre, et rien ne sort. Mais pas sûr que cela suffise à peser dans les discussions. La fin de l'aciérie est proche. Laurent la voit venir.
"Je m'en doute un petit peu, comme tout le monde. Il faut se résigner de toute façon, et passer à autre chose, malheureusement. Qu'est-ce qu'on peut y faire? Ils ont décidé de fermer. On a beau crier haut et fort, je crois qu'on va devoir se 'réorienter' comme on dit de nos jours, apprendre un nouveau métier." Résigné, Laurent attrape un pneu, et le jette dans le brasier.
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