Hausse du chômage : la France a eu une croissance "bien en-dessous de la moyenne de la zone euro" sur le premier semestre
L'OFCE explique la hausse du nombre de demandeurs d'emploi par une croissance molle au début de l'année 2018.
Mathieu Plane, économiste à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) a expliqué, jeudi 25 octobre sur franceinfo, la hausse du nombre de demandeurs d'emploi du 3e trimestre par un mauvais début d'année. La croissance a été "bien inférieure à la moyenne de la zone euro", en raison notamment du "calendrier fiscal" d'Emmanuel Macron, explique-t-il.
franceinfo : 16 000 chômeurs de plus sans aucune activité, est-ce révélateur d'un ralentissement, d'un blocage de l'économie française ?
Mathieu Plane : Je ne sais pas si on peut parler de blocage de l'économie. Ce qu'on voit, c'est que l'année 2017 a été faste en termes de croissance et de créations d'emplois. On a eu quasiment autour de 300 000 créations d'emplois, ce qui n'était pas arrivé depuis dix ans. En revanche, 2018 est perturbée par une croissance qui est beaucoup plus molle, un début d'année qui a été mauvais avec une croissance bien inférieure à la moyenne de la zone euro et, même s'il y a des signaux un peu positifs sur le 3e trimestre, on voit que ça reste extrêmement timide et effectivement, du côté de l'emploi, c'est poussif.
Pourquoi la dynamique de 2017 ne s'est-elle pas poursuivie ?
Il y a plusieurs éléments : un ralentissement généralisé dans la zone euro notamment, qui est assez attribuable à la hausse des prix du pétrole et puis une dégradation globale de l'environnement international. Mais la France a été encore plus marquée que les autres pays européens. Au premier semestre, on est bien en-dessous de la moyenne de la zone euro.
L'explication est assez liée au calendrier fiscal, notamment à la politique économique d'Emmanuel Macron. Avec des mesures fiscales de hausses de CSG et de taxes indirectes, notamment la fiscalité écologique sur les hydrocarbures ou le tabac, qui a eu lieu en début d'année. Les mesures de soutien au pouvoir d'achat vont arriver beaucoup plus tardivement, elles vont arriver maintenant. C'est la baisse de cotisations sociales sur les salariés ou la première tranche de baisse de la taxe d'habitation qui vont soutenir le revenu et le pouvoir d'achat.
Qu'est-ce qui bloque du côté des employeurs pour embaucher ?
L'employeur, il va d'abord raisonner en termes de carnet de commandes, c'est-à-dire qu'il faut, pour qu'il développe un emploi ou qu'il embauche quelqu'un, qu'il soit assuré que son activité est robuste. L'effet coût du travail peut jouer, mais il y a eu beaucoup de mesures dans ce sens-là, que ce soit le CICE, le pacte de responsabilité notamment, ce sont des mesures qui ont baissé fortement le coût du travail, notamment au niveau du SMIC. À côté de ça, les politiques de l'emploi, notamment la réduction importante des emplois aidés, perturbent aussi le marché du travail.
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