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Croissance à 3% : "Une hausse remarquable", mais c'est plutôt "un rattrapage", analyse l'économiste Mathieu Plane

"L'économie française rebondit très nettement dès qu'on lève les mesures sanitaires", a estimé ce vendredi sur franceinfo l'économiste Mathieu Plane. 

Article rédigé par franceinfo
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La croissance s'est élevée à 3% au troisième trimestre 2021 en France, selon les chiffres de l'Insee (photo d'illustration).  (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)

La croissance du produit intérieur brut de la France s'est élevée à 3% au troisième trimestre 2021, selon les chiffres de l'Insee publiés vendredi 29 octobre. Un "résultat exceptionnel, du jamais-vu depuis plus de 50 ans", s'est félicité le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Une "hausse remarquable" mais qui relève plutôt du "rattrapage", a modéré sur franceinfo l'économiste Mathieu Plane vendredi 29 octobre. Le directeur adjoint de l'Observatoire français des conjonctures économiques souligne néanmoins "la vitesse" avec laquelle la France revient à ses niveaux d'activité d'avant crise, "l'épisode Covid-19 se referme plus vite que prévu".

franceinfo : Êtes-vous d'accord avec le constat de Bruno Le Maire ?

Mathieu Plane : Les chiffres sont compliqués à commenter en ce moment. +3%, effectivement, c'est une hausse remarquable. Mais rappelons qu'au troisième trimestre 2020, on a connu une hausse de 18%. Cela vient après des niveaux d'activité qui étaient bien en-dessous de ce qu'on avait connu avant crise. Donc c'est un rattrapage. On peut noter que c'est une performance assez bonne, voire même très bonne. C'est surtout la vitesse à laquelle on revient aux niveaux d'activité d'avant crise, plus rapide que ce que l'on avait anticipé. L'économie française rebondit très nettement dès qu'on lève les mesures sanitaires.

Comment cela s'explique-t-il ? Y a-t-il d'autres facteurs que les politiques de soutien du gouvernement ?

C'est clair que le quoi qu'il en coûte a fonctionné. On a eu peu de faillites. Le marché du travail a fortement rebondi. Le niveau d'emploi est même légèrement supérieur à celui d'avant-crise. On voit d'ailleurs des tensions dans les recrutements. Depuis que les mesures sanitaires ont été réduites, les ménages reconsomment, les entreprises investissent. Le vecteur premier qui explique ce rebond fort de la croissance est la consommation, notamment dans l'hôtellerie, la restauration, le transport, les activités culturelles, de loisirs, l'événementiel. Tout cela est reparti plus vite que prévu. On aurait pu penser que les ménages adopteraient une forme de prudence, et qu'ils seraient peut-être moins enclins à consommer, mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. L'épisode Covid-19 se referme plus vite que prévu. Mais ça ne veut pas dire que tout va bien. Il reste des points noirs, tels que l'inquiétude des ménages concernant l'avenir, lié à la hausse des prix.

Comment s'en tirent nos voisins européens ?

On n'a pas encore tous les chiffres, mais ce que l'on constate, c'est que globalement, on a été beaucoup moins performants au début de la crise sanitaire, durant le premier confinement. Mais cela est dû à l'intensité de celui-ci, un des plus durs au monde. En revanche, depuis l'été 2020, on fait un peu mieux que nos voisins européens. On a mieux géré la crise économique, avec notamment le maintien des dispositifs d'urgence pour aider les entreprises.

Les pénuries que l'on connaît, telles que celle sur les semi-conducteurs, peuvent-elles avoir une influence sur la croissance ?

Ça n'a pas joué jusqu'à présent. La contrainte de l'activité a été vraiment du côté de la demande et de la consommation, et moins liée à l'offre, à l'industrie, aux pénuries. En revanche, pour la suite, une grande question se posera effectivement autour de ces difficultés d'approvisionnement, et de la possibilité pour l'industrie de livrer un certain nombre de biens, de produits manufacturés. Et ce face à une consommation qui va rester dynamique, d'où la hausse des prix de l'énergie en ce moment. La crise des semi-conducteurs risque d'agrandir de nombreux délais de production.

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