: Vidéo Trois ans après le suicide d'un salarié de Lidl, les pratiques de l'entreprise ont-elles changé ?
Un employé de 33 ans s'est donné la mort dans un entrepôt des Bouches-du-Rhône au mois de mai 2015. Le tribunal des affaires sociales de Marseille a reconnu la responsabilité de l'entreprise et l'a condamnée.
Yannick Sansonetti, 33 ans, s'est suicidé dans l'entrepôt Lidl de Rousset (Bouches-du-Rhône) où il travaillait, le 29 mai 2015. Après trois années de procédure, l'entreprise a été condamnée à verser 90 000 euros à la famille de la victime par le tribunal des affaires sociales de Marseille. France 3 a voulu savoir si le climat de travail avait changé depuis le drame.
Après la mort du père de famille, ses proches décrivaient un employé à bout de forces. "On demandait à ce jeune homme tout seul de mener à bien une mission qui est menée à l'heure actuelle par trois ou quatre personnes, explique Patrice Tonnarelli, qui dirigeait alors l'entrepôt. Épuisé, il proteste. Ordre est donné de le mettre à la porte. "Les consignes étaient clairement : si les personnes ne font pas ce qu'on leur demande, [il faut] les pousser à (...) partir."
Le tribunal des affaires sociales de Marseille a estimé que l'entreprise était responsable de la mort du jeune homme, en s'appuyant notamment sur un rapport de l'Inspection du travail. Ce document explique en effet que "le harcèlement moral a eu pour effet d'altérer la santé mentale" de l'employé. Cette condamnation est une reconnaissance importante aux yeux de son frère, au terme d'une longue bataille judiciaire. "Lidl n'a pas pris la mesure des choses en temps et en heure."
"Je me suis épuisé dans le travail"
La direction nationale et la direction régionale du groupe n'ont pas souhaité répondre aux questions de France 3. Mais, selon Patrice Tonnarelli, les méthodes de management ont évolué au sein de l'entreprise. L'ancien chef de l'entrepôt avait alerté sa direction sur les conséquences de ce management. Il a perdu son emploi le 1er juillet. "Je me suis épuisé dans le travail, comme lui je pense. Il m'est aussi arrivé de penser à retourner dans l'entrepôt et de faire comme lui."
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Christophe Polichetti est délégué syndical CGT de l'entrepôt et salarié du groupe.. Selon lui, les cas d'épuisement se sont multipliés en raison de la loi du silence. "Le harcèlement moral, il faut le prouver. La peur terrorise les salariés." Ce représentant veut maintenant continuer le combat sur le plan judiciaire et faire condamner l'entreprise au pénal pour "homicide involontaire".
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