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Prise en charge des arrêts maladie par les entreprises : "Si ce projet passait en l'état, les salariés paieraient deux fois"

Serge Legagnoa de FO craint que les patrons, pour compenser, fassent passer le nombre de jours de carence à quatre, voire plus. Une double peine pour les salariés.

Article rédigé par franceinfo
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Serge Legagnoa, secrétaire confédéral de Force ouvrière au sein du département de la protection sociale collective, le 26 octobre 2017 à Lille (Nord). (BAZIZ CHIBANE / MAXPPP)

Le gouvernement envisage de demander au patronat de prendre en charge une partie des indemnités versées en cas d'arrêt maladie. Selon Les Échos, l'exécutif souhaiterait que les entreprises prennent en charge quatre jours d'indemnités journalières pour les arrêts de travail de moins de huit jours. "Le risque, c'est que ce soit les salariés qui fassent les frais de cette éventuelle mesure", estime vendredi 3 août sur franceinfo, Serge Legagnoa, secrétaire confédéral de Force ouvrière au sein du département de la protection sociale collective.

franceinfo : Que pensez-vous de cette mesure ?

Serge Legagnoa : Nous estimons qu'il y a un risque que ce soit les salariés qui en supportent directement le coût. Dans un premier temps, l'État a pris la main sur la sécurité sociale et, depuis quelques temps, (...) cherche à se désengager dans le cadre des économies à réaliser. En effet, le plan d'économies des finances publiques qui a été publié au mois de janvier, porte sur une économie de 30 milliards d'euros à valoir sur l'ensemble de la protection sociale d'ici 2022 donc ça fait probablement partie de ce plan. Ceci étant, nous nous interrogeons à Force ouvrière sur la pièce de théâtre qui est en train de se dérouler entre le patronat et le gouvernement sur ce sujet. Dès le début du mois de septembre, nous devons avoir une concertation - en ce qui nous concerne, nous souhaitons plutôt une négociation - sur la question de la santé au travail. Avec la façon dont les choses sont présentées, on ne ferait pas pire si on souhaitait que le sujet soit sabordé avant qu'il n'ait été entamé.

Le gouvernement se justifie en expliquant qu'il tente de dégager de la marge de manoeuvre pour financer un grand plan de transformation de la santé. C'est urgent ?

Je ne pense pas que les 900 millions d'euros tels qu'ils sont aujourd'hui annoncés soient suffisants pour mettre en place un vrai programme de santé destiné à gommer toutes les difficultés que nous connaissons aujourd'hui. L'hôpital est exsangue et nous sommes en période d'été. Si vous regardez ce qui se passe au niveau des urgences, par exemple, c'est une catastrophe. Si on regarde ce qui se passe au niveau des Établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), ce n'est pas mieux et pour l'instant la situation ne fait qu'empirer. Il faut effectivement un vrai programme de santé mais avec des investissements qui soient conséquents. Là aussi, nous attendons d'avoir une négociation sur ces sujets.

Où pourrions-nous trouver l'argent nécessaire ? Sur quels budgets faut-il faire des économies ?

Je ne m'inscris pas dans ce débat sur la recherche d'économies. Il y en a déjà eu beaucoup d'effectuées sur l'ensemble de la protection sociale avec les conséquences que l'on connaît. Nous ne partirons donc pas sur ce terrain-là parce que ça voudrait dire que nous allons accélérer le processus de destructuration de la santé et de la solidarité dans notre pays. En revanche, sur la question des arrêts maladie, j'alerte sur le fait que si ce projet passait en l'état, les salariés paieraient deux fois. Ils ne paient plus de cotisation d'assurance maladie mais le financement se fait maintenant par la CSG, donc par l'impôt. Ils risquent de payer une deuxième fois en termes de contrepartie parce que les employeurs risquent de faire passer le nombre de jours de carence de trois à quatre ou plus. Le risque, c'est que ce soit les salariés qui fassent les frais de cette éventuelle mesure.

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