Des pompiers du Nord portent plainte pour exposition à l'amiante : "Leur équipement n'est pas adapté", déplore leur avocate
Hélène Aveline, avocate spécialisée dans la défense des victimes de l’amiante, a évoqué sur franceinfo la plainte déposée par les pompiers et demande un "plan d'action concret".
Des pompiers du Nord vont porter plainte contre X jeudi 25 octobre, pour mise en danger de la vie d’autrui, face aux risques des fumées d'amiante auxquels ils sont exposés lors de leurs interventions. "Leur équipement n'est pas adapté à leurs conditions de travail", a expliqué sur franceinfo jeudi leur avocate Hélène Aveline, spécialisée dans la défense des victimes de l’amiante.
franceinfo : L'amiante est un danger quotidien pour les pompiers ?
Hélène Aveline : Oui, les pompiers sont par la nature même de leur activité particulièrement exposés à des risques d'atteinte à leur intégrité physique et, par conséquent, sont exposés à différents agents toxiques et cancérigènes, comme l'amiante. Dans ce secteur, les avancées en matière de protection de la santé sont extrêmement limitées. Quand on examine leurs conditions de travail, on s'aperçoit qu'ils travaillent dans des conditions qu'on pourrait presque qualifier d'archaïque. Leur équipement ne suffit pas, il n'est absolument pas adapté à leurs conditions de travail.
Quand ils rentrent chez eux, les pompiers ont des résidus d'amiante sur eux ?
Oui, lorsqu'ils quittent les sites sur lesquels ils interviennent, ils les ramènent dans les camions, donc ils vont contaminer les camions et les personnes qui sont à l'intérieur ; ils les ramènent dans les casernes et vont donc, de façon indirecte, exposer les agents qui y sont ; et ils vont les ramener chez eux le soir et donc exposer leur propre famille à un risque de contamination.
Combien de pompiers souffrent de troubles liés à l'amiante ?
Le chiffre est très compliqué à connaître puisque toute la problématique des maladies liées à l'amiante réside dans le fait que le délai de latence entre la fin de l'exposition et le développement de la pathologie est extrêmement long.
Pourquoi porter plainte maintenant ?
Parce qu'un rapport de 2017 de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales a mis en évidence un certain nombre de manquements et ce rapport est édifiant. Le syndicat du SDIS 59 a alerté à plusieurs reprises sa hiérarchie et l'administration des différents problèmes auxquels les pompiers étaient exposés et rien n'a été fait. Il y a une négligence évidente.
Que réclamez-vous ?
La solution, c'est un plan d'action concret avec, certainement, un changement de la législation et la mise en place de moyens de protection qui soient adaptés. Il en existe, comme les masques respiratoires isolants, qui sont censés les protéger mais on s'aperçoit qu'ils sont extrêmement lourds, qu'ils ont une autonomie limité à 30 minutes. Il y a nécessité que les choses bougent et que l'on reconnaisse que leurs conditions de travail sont déplorables.
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