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Réforme des retraites : carrière longues, départs anticipés, pénibilité... le projet du gouvernement se précise

La Première ministre continue les consultations avec les syndicats et le patronat, avant la présentation du texte sur la réforme des retraites le 15 décembre.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Elisabeth Borne, la Première ministre, à l'Assemblée nationale, le 29 novembre 2022. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Les organisations syndicales et patronales défilent une par une jusqu'à la semaine prochaine à Matignon et peu à peu, selon plusieurs sources auprès de franceinfo, le projet de réforme des retraites du gouvernement se révèle, avant la présentation officielle le 15 décembre prochain. 

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Âge légal : 65 ans ou 64 ans

Sur le recul de l'âge de départ légal, il y a toujours deux options sur la table : un report de l'âge légal à 65 ans en 2031 – l'hypothèse très privilégiée par le président – ou bien un report à 64 ans mais avec, en parallèle, un allongement de la durée de cotisation.  

Quel que soit l'arbitrage final, tous les travailleurs seront concernés. Salariés du privé, fonctionnaires, indépendants mais aussi salariés des régimes spéciaux. 

Et le gouvernement compte aussi demander un effort proportionnel à ceux qui bénéficient d'un départ anticipé, selon plusieurs sources. Ce qui veut dire qu'un policier ou un égoutier de la fonction publique qui peut partir à 52 ans devrait travailler deux ou trois ans de plus. Pareil pour un conducteur de métro de la RATP ou de la SNCF qui bénéficient des régimes spéciaux. Seule exception à cet alignement : les âges de départs actuels pour invalidité ou handicap, entre 55 et 62 ans, ne seront pas augmentés.  

Ce report de l'âge légal devrait générer de grosses économies pour le système de retraite. D'après les premiers chiffrages présentés aux partenaires sociaux, un recul de l'âge légal à 65 ans permettrait d'économiser 32 milliards d'euros par an en 2035. Le recul de l'âge à 64 ans avec allongement de la durée de cotisation, ce serait 22 milliards d'euros.  

Mais attention, il s'agit d'économies brutes. Elles ne prennent pas en compte les mesures d'accompagnements, les contreparties, en quelque sorte, qui visent à rendre la réforme plus acceptable socialement. Par exemple le minimum de pension porté à 1 200 euros. La Première ministre l'a déjà confirmé.

Carrières longues : vers un départ possible à 61 ans

D'autres contreparties sont toujours en cours de discussion. Notamment, le sort des carrières longues, c'est à dire des travailleurs qui ont vraiment commencé à travailler jeunes. Ils peuvent partir deux ans avant l'âge légal, 60 ans actuellement, au lieu de 62 ans.  À condition d'avoir rassemblé tous leurs trimestres, dont quatre ou cinq avant 20 ans.  

Le problème, c'est que si l'âge légal est porté à 65 ans, par exemple, ces mêmes personnes ne pourront partir qu'à 63 ans. Avec le risque que des apprentis qui ont commencé à 17 ans, soient obligés de travailler 46 ans, bien plus que la durée de cotisation nécessaire pour toucher une retraite à taux plein.  

Le gouvernement envisage donc de remodeler le dispositif carrières longues. La piste sur la table, c'est de permettre un départ anticipé. Non pas deux ans avant, mais quatre ans avant le futur nouvel âge légal (donc 61 ans, par exemple, si l'âge légal est repoussé à 65 ans). Dans un entretien à la presse régionale, le ministre du Travail annonce la création d'un dispositif pour les "carrières très longues". Les personnes "ayant cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de leurs 18 ans" auront "l'autorisation de partir quatre ans avant l'âge légal", explique Olivier Dussopt

En revanche, les conditions pour en bénéficier seraient modifiées. Il faudrait avoir rassemblé encore plus de trimestres qu'aujourd'hui. Avant un âge qui reste à déterminer.  17 à 18 ans, peut être même 20 ans. Enfin, les personnes qui n'ont acquis que quatre ou cinq trimestres avant 20 ans, notamment grâce à des jobs d'été, pourraient continuer à bénéficier d'un départ anticipé. Mais deux ans seulement avant le futur âge légal. Donc à 63 ans, par exemple, si celui-ci est porté à 65 ans.

Il s'agit de pistes de travail, qui reste à arbitrer.

Les facteurs de pénibilité

L'autre grand point d'achoppement, c'est la prise en compte de certains facteurs de pénibilité dans le privé. Il y en a trois : les postures pénibles, le port de charges lourdes et les vibrations mécaniques. Avant 2017, les salariés exposés cumulaient des points qui leur permettaient de partir plus tôt à la retraite. Désormais, ils doivent attendre d'être malades pour bénéficier – éventuellement –d'un départ en retraite pour incapacité ou invalidité, après avis médical.  Cette réparation après coup n'est pas suffisante pour les syndicats.  

Le gouvernement ne veut pas revenir à l'ancien système. A défaut, il envisage de favoriser le nombre de départs anticipés pour incapacité ou invalidité. Et d'inciter les branches à réduire la pénibilité des métiers exposés, avec des moyens financiers à la clef. Ce n'est pas suffisant pour la CFDT. Tout cela reste à arbitrer.

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