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Ehpad : "Le reste à charge supporté par les familles est trop élevé", selon le président de la Mutualité française

Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, a expliqué, lundi 11 février sur franceinfo, que le maintien à domicile est plébiscité par les Français.

Article rédigé par franceinfo
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Dans un Ehpad à Lasalle, le 30 septembre 2016. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

Souvent dénoncé par les seniors, le prix des maisons de retraites atteint, en moyenne, 2 500 euros par mois. Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, a proposé, lundi 11 février sur franceinfo, de plafonner le prix des Ehpad et de les facturer en fonction des revenus.

franceinfo : 41% des Français, en perte d'autonomie, sont en Ehpad. C'est pour cela que vous faites ces propositions ?

Thierry Beaudet : Oui, 41% des Français en établissement, c'est beaucoup. En Europe, la moyenne est de 32% et de 12% au Canada. Notre conviction est qu'il faut commencer par favoriser le maintien à domicile. C'est ce qui est plébiscité par les Français. Mais pour celles et ceux qui doivent être hébergés, en Ehpad, nous considérons que le reste à charge supporté par les familles est trop élevé. Pour les personnes les plus lourdement dépendantes, le coût d'un mois en Ehpad est en moyenne de 2 500 euros. Le reste à charge supporté par les résidents, après les aides publiques, est en moyenne de 2 000 euros. C'est supérieur aux ressources financières d'un résident sur deux.

Est-ce réaliste de plafonner les tarifs ? Comment finance-t-on une telle mesure ?

Notre proposition vise à s'inspirer de ce qui est fait aujourd’hui pour les crèches. Nous pensons qu'il est possible de faire en sorte que les résidents contribuent selon leurs ressources. Les aides publiques serviraient à faire le complément pour assurer l'équilibre des établissements. C’est une autre façon d'utiliser, à la fois, les ressources des Français et les aides publiques. En d'autres termes, pour un résident qui a beaucoup de revenus, on pourrait se passer d'aides publiques. A contrario, pour un résident qui a de faibles revenus, l'aide publique pourrait intervenir de manière assez massive, en complément. Il nous semble qu'il est possible de trouver un nouvel équilibre d'ensemble qui est tout à fait à la portée de notre pays. Nous pensons que, dans l'idéal, c'est à la puissance publique d'intervenir pour faire face à ce risque de dépendance qui est un risque pour aujourd'hui, mais surtout pour demain. On attend un doublement du nombre des personnes dépendantes d'ici 2060.

Vous n'avez pas peur que le gouvernement dise qu'il n'y a plus de sous dans les caisses ?

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a lancé une grande concertation nationale dont les travaux se sont achevés fin janvier. Un rapport est attendu pour début mars. On nous dit que l'on pourrait mobiliser des financements publics supplémentaires. Si tel est le cas, nous nous en réjouirons, si non, nous proposerons un mode de financement complémentaire qui pourrait être intégré au contrat d'assurance santé, à partir d'un certain âge, 40 ans par exemple. Le vieillissement de la population est un sujet de société, cela nécessite des moyens importants et concerne tous les Français. Il faut un effort national très important.

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