: Vidéo Envoyé spécial. Ouvrier, il gagne moins que sa femme et ça lui va : "Macho de quoi ?"
Il est ouvrier sidérurgiste à Florange, elle est infirmière au Luxembourg et gagne trois fois plus que lui. Sa virilité serait atteinte ? Pas du tout, pour lui, l'important, c'est de travailler. Le cliché du prolo macho en prend un coup. Extrait d'"Envoyé spécial".
Sa femme gagne 3 000 euros par mois, Lionel tout juste 1 800. Infirmière, elle est souvent de service le week-end, donc c'est lui qui s'occupe de leurs deux filles. Dans son entourage, personne ne s'en étonne.
"On est un peu tous dans ce même contexte, dans le milieu ouvrier, prolétaire. Franchement, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui m'a dit ‘p... t'es pas gêné que ta femme gagne plus que toi ?’" Le cliché du prolo macho, il n'y croit pas : "Dans certains domaines, peut-être, mais pas celui-là. Macho de quoi ? Ça n'existe plus, et c'est le fils d'immigrés portugais et italien qui vous le dit !"
"J'ai eu honte"
En revanche, selon lui, la crise de l'industrie sidérurgique a pu provoquer de vrais dommages collatéraux : des centaines de ses anciens collègues qui ont perdu leur emploi. Des ouvriers dans un secteur essentiellement masculin. "En tant qu'homme, c'est difficile de rentrer à la maison et de dire à sa femme ‘j'ai perdu mon boulot’ [...]. Je serais gêné, c'est peu dire, j'aurais honte [...]. Rien que le passage où on était en chômage partiel, où je travaillais une semaine sur deux, j'ai eu honte." Plus que le salaire, c'est l'emploi qui touche à la fierté et l'estime de soi.
Un extrait de "Quand les femmes gagnent plus que les hommes", un reportage de Céline Crespy et Virginie Letendre diffusé dans "Envoyé spécial" le 16 juin.
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