Trois questions sur les conséquences de la grève à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine
Les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) ont voté mardi la grève et l'arrêt de la production d'électricité.
Le mouvement de contestation contre la réforme du Code du travail tournerait-il à la grève générale ? Après le blocage des raffineries et des dépôts de carburants qui entraînent des pénuries dans de nombreuses stations-service, l'inquiétude gagne le réseau électrique. Les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), réunis en assemblée générale mardi 24 mai, ont voté la grève et l'arrêt de la production d'électricité.
La centrale de Nogent-sur-Seine est-elle à l'arrêt ?
Selon Arnaud Pacot, secrétaire général CGT-Energie dans le département de l'Aube, les salariés ont décidé mardi de bloquer le site de la centrale de Nogent et "une baisse de charge" à partir de jeudi. D'après le syndicaliste, un des deux réacteurs est déjà à l'arrêt depuis mardi "en raison d'un problème technique". "On fera en sorte de ne pas le redémarrer, a-t-il précisé. Quant au réacteur n°2, il y aura une baisse de charge, avec l'idée de l'arrêter totalement." Et Arnaud Pacot d'ajouter que la centrale avait déjà connu des baisses de charge "de l'ordre de 15 à 30%" lors des précédentes journées d'action contre la loi Travail. "Notre but n'est pas de faire tomber le réseau, mais on passe au cran supérieur", assure Arnaud Pacot, contacté par francetv info.
Que représente la part de production de cette centrale ?
La centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine possède deux réacteurs nucléaires d'une puissance unitaire de 1 300 MW – au total, la France compte 58 réacteurs répartis dans 19 centrales. Le site dans l'Aube produit en moyenne 18 TWh chaque année (térawatt-heure qui correspond à un milliard de kilowatt-heures), selon les chiffres avancés par EDF.
La production de cette centrale correspond donc à un peu plus de 3% de la production électrique totale en France et à un peu plus de 4% de la production d'énergie nucléaire, en se basant sur le bilan électrique 2015 de RTE (Réseau de transport d'électricité). Pour mémoire, la part du nucléaire dans la production d'électricité en France représente un peu plus de 76%.
Faut-il s'attendre à des coupures d'électricité ?
Selon Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la fédération nationale mines-énergie (FNME-CGT), l'appel à la grève concerne "tous les moyens de production" et il pourrait avoir "des conséquences sur la production d'électricité". "Des coupures électriques ont déjà eu lieu dans plusieurs quartiers de Nantes ainsi que dans le plus grand centre commercial d'Europe à Marseille, mais les baisses de charge pourraient être plus importantes jeudi", ajoute-t-elle sur Europe 1.
Un porte-parole d'EDF estime toutefois qu'il est "difficile" de prévoir les conséquences de ce mouvement social sur la production électrique. "Cela pourrait entraîner des baisses de charge" en cas de forte mobilisation sur les sites, tout dépendra de l'ampleur de la grève, a-t-il précisé. A noter que l'entreprise EDF a la possibilité de réquisitionner des salariés grévistes dans le secteur du nucléaire. L'entreprise l'avait fait au moment du mouvement de grève en 2009, une initiative validée par la suite par le Conseil d'Etat.
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