Minorités visibles et création d'entreprise
Quels sont les freins à la création d'entreprise des jeunes diplômés des "minorités visibles" ? Telle est la question à laquelle l'AFIP (Association pour Favoriser l'Intégration Professionnelle) a tenté de répondre dans une étude menée en Île-de-France et centrée sur les jeunes diplômés originaires d'Afrique Noire et des Antilles.
La création d'entreprise : une voie d'insertion pour les minorités visibles
Selon un sondage réalisé pour l'ADIE en 2006, 50% des jeunes entre 18 et 24 ans des Zones urbaines sensibles (ZUS) sont tentés par l'aventure de la création d'entreprise. Un moyen de devenir son propre patron ? De concrétiser son propre projet ? De créer d'autres emplois ? Pas vraiment. Pour les jeunes diplômés issus des minorités visibles, la création d'entreprise est perçue comme le moyen de contourner les discriminations raciales à l'emploi et de trouver une reconnaissance sociale. "Ils créent leur activité en réponse à la précarité du marché de l'emploi ou aux barrières d'entrée liées aux discriminations, notamment ethno-raciales. L'entrepreneuriat est une anticipation des limites que les jeunes pensent rencontrer dans les grandes entreprises en termes d'évolution et d'enrichissement professionnel", explique l'étude de l'AFIP.
À la recherche de modèles issus des minorités visibles... ou pas
Les jeunes diplômés des "minorités visibles" interrogés font part de leur souffrance d'un étiquetage systématique "jeunes de banlieues défavorisées" en raison de leur couleur de peau. Leur recherche d'emploi est difficile. Mais côté entreprenariat, ils déclarent également ne pas se reconnaître dans le "modèle unique" du "créateur noir de banlieue". "Ces jeunes veulent être considérés comme tous les créateurs d'entreprises, dans la diversité des domaines dans lesquels ils exercent", souligne l'étude. Réelles ou ressenties comme telles, ces visions négatives entraînent chez ces jeunes un manque de confiance en eux, de la méfiance vis-à-vis des institutions, un sentiment d'injustice et d'inégalité, de l'autocensure : autant de freins et de blocages dans la création d'entreprise.
Quatre pistes à suivre pour développer l'entreprenariat des minorités visibles
Les auteurs de l'étude proposent quatre pistes pour favoriser la diversité dans la création d'entreprise et inciter les jeunes issus des minorités visibles à se lancer et faire naître leur propre emploi :
- Formation : former les professionnels de l'accompagnement et du financement de la création d'entreprise à la gestion des relations interculturelles.
- Créer un forum "Entrepreneuriat et jeunes diplômés de la diversité", destiné à sensibiliser à l'entrepreneuriat et médiatiser la création d'activité par des jeunes diplômés des "minorités visibles".
- Créer un Service d'Amorçage de Projets "jeunes diplômés" ciblé sur la détection et l'amorçage de projets notamment ceux dans les territoires les plus défavorisés
- S'appuyer sur l'expertise de structures comme l'AFIP pour proposer aux jeunes diplômés des "minorités visibles", une approche intégrée de la création d'entreprise : développer des outils d'accompagnement à l'insertion professionnelle centrés sur le projet, créer un club "jeunes diplômés entrepreneurs", mobiliser les entreprises partenaires pour du mécénat de compétences / bilan de compétences, proposer des modules de développement personnel pour soulever les freins psychologiques.
Une étude menée par l'AFIP en partenariat avec la Préfecture des Hauts-de-Seine, la Caisse des Dépôts (CDC) et le Groupe ESC Rouen (janvier 2009).
En savoir plus :
- Le site de l'AFIP : retrouvez en ligne tous les services et l'accompagnement de l'AFIP pour les jeunes diplômés issus des "minorités visibles".
- Le site de l'ADIE, Association pour le Droit à l'Initiative Économique
Rédigé par Nadia GraradjiPublié le 22/08/2011
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