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Détecteurs de fumée : pourquoi sonnent-ils autant ?

Les détecteurs de fumée sont obligatoires dans tous les logements depuis mars. Mais de nombreux usagers s'agacent de les entendre sonner de manière intempestive, et sans raison.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un chauffagiste explique la nécessité et l'obligation de poser un détecteur de fumée dans les habitations pour la sécurité des occupants le 8 février 2015. (MAXPPP)

"Je me suis levé en pleine nuit, gêné par ce petit bruit incessant, et j'ai cherché pendant près de deux heures d'où cela provenait", raconte Daniel, 68 ans, habitant de Plouha dans les Côtes-d'Armor. Préventif, le retraité a installé un détecteur de fumée dans son garage en 2013, bien avant que cela ne devienne obligatoire, le 9 mars 2015 (décret n° 2015-114 du 2 février 2015 sur Légifrance).

"Il y a tous les appareils électroménagers dans le garage. Je l'ai mis au cas où, par sécurité". Au bout de quelques mois, l'appareil se met à émettre une sonnerie faible et répétitive : "J'ai cru que c'était un oiseau coincé dans le garage. C'est déjà arrivé et ça faisait le même cui-cui", poursuit-il. "J'ai cherché pendant deux heures en vain. J'ai cherché encore le lendemain avant de me rendre compte qu'il s'agissait du détecteur de fumée... Ça m'a énervé, j'ai enlevé les piles et je ne l'ai plus remis."

Les pompiers mobilisés lors de fausses alertes

Comme Daniel, depuis l'installation obligatoire des détecteurs de fumée, de nombreux usagers se plaignent de leur appareil : sonnerie intempestive, alerte la nuit, pile défaillante au bout de quelques jours... Les raisons sont variées.

"Pendant trois mois après l'installation, le détecteur n'a pas arrêté de sonner dans tous les bureaux de la gendarmerie", se souvient Philippe, réserviste à Bordeaux. "C'était très agaçant. On l'a démonté et on s'est aperçus que c'était un faux contact. Maintenant il marche d'enfer." Parfois, l'issue du problème est plus rocambolesque : "Le bip-bip de ma voisine n'arrêtait pas, et elle n'était pas là. Au bout d'un moment, les voisins ont vraiment eu peur et ont appelé les pompiers. Ils ont débarqué avec leur grande échelle pour regarder à l'intérieur et il n'y avait rien. Ils ont dit de changer les piles, que ça arrivait de plus en plus", ajoute William, étudiant à Bordeaux. 

Commandant du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) du Calvados, François Vuillemin a aussi recensé quelques cas : "Le plus souvent, ce sont des gens qui partent en vacances, qui oublient de débrancher leur détecteur et ça sonne lorsqu'il n'y a plus de pile." Par précaution, les pompiers interviennent, forcent la porte ou la fenêtre pour éteindre la sonnerie et font intervenir la police pour sécuriser les lieux en attendant le retour des occupants. "Cela mobilise des moyens humains et financiers inutiles..." Depuis l'arrivée de la loi, les pompiers du Calvados effectuent une levée de doute par jour, contre deux par semaine en 2014, explique mi-octobre l'un des ses collègues du SDIS, Romain Pasqualotti, au Parisien. Chacune de ces sorties coûte 300 euros.

"Il faut bien faire la différence entre les sonneries des appareils", poursuit un commandant du SDIS des Côtes-d'Armor. "Une alerte incendie est continue, très forte. Elle casse les oreilles. Les petits bips signalent que la pile est à plat."

Trois modèles de détecteurs mis en cause

Alors, appareils défaillants ou problème d'utilisation ? La veille de l'entrée en vigueur de la loi, l'association UFC-Que choisir a comparé 18 détecteurs de fumée pour vérifier leur efficacité. Elle constate que trois ne sont pas conformes car ils n'ont pas réussi à détecter la fumée ou se sont déclenchés trop tard. Il s'agit des modèles Elro RM144C, BLYSS NB739-B1 et AREV Technic. Or, la plupart des alertes sont liées à des appareils non exposés à la fumée et quasiment neufs.

Très concerné par ce problème, le fabricant de détecteurs de fumée Ei Electronics donne son explication. "Une fois sur 10 000, il s'agit d'un défaut de fabrication, le reste du temps, c'est un problème d'usage", témoigne Ghania Selmani, manager clientèle de l'entreprise. "Le reste du temps, c'est un mauvais usage." Il suffit d'un grain de poussière, d'un petit insecte, d'un peu d'humidité ou de chaleur, pour que la pile se décharge. "Il faut éviter d'installer ses détecteurs dans le garage, près de la salle de bains ou dans la cuisine et les nettoyer régulièrement, comme tous les appareils".

Une différence entre garantie et autonomie

Achetés neufs, les détecteurs ont une durée de vie d'un an si la pile est alcaline, de dix ans si c'est une pile lithium, mais, dans les faits, cela semble plus compliqué à vérifier : "Quasiment tous les appareils que j'ai vus possèdent des piles de mauvaise qualité, sans nom, fabriquées en Asie", confie un responsable du rayon électronique d'un grand magasin de bricolage. "Il vaut mieux prendre un appareil avec une pile de marque qui est plus puissante, mais ça on peut le vérifier après l'achat..."  De plus, il faut distinguer la garantie du produit et son autonomie : "C'est souvent marqué en petit, mais ce n'est pas parce que le détecteur est garanti dix ans que la pile l'est aussi. Souvent, c'est cinq ans de garantie, quelques mois d'autonomie pour les piles sans marque..." confie le vendeur.

La certification du produit aide aussi à vérifier la qualité du produit : "Lorsque les détecteurs portent la norme européenne EN 14 604, cela signifie que les produits ont été vérifiés en usine par un laboratoire agréé indépendant", indique l'UFC-Que choisirLa marque NF prouve que des contrôles supplémentaires ont été effectués : "Elle exige des prélèvements deux fois par an pendant toute la durée de commercialisation du détecteur, en usine et en magasin", explique-t-on à l'Afnor, l'association qui délivre la certification NF. 

Chaque année en France, 800 personnes décèdent lors des incendies.

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