Rigueur budgétaire : "Je suis extrêmement inquiet" pour le secteur social, avoue le maire socialiste Luc Carvounas

L'Union nationale des centres communaux d'action sociale qu'il préside est en congrès au Havre. Au cœur des discussions, la "rigueur" budgétaire annoncée par le Premier ministre pour combler un déficit largement plus creusé que prévu. "C’est tout notre modèle de société qui va être remis en question."
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Normandie
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Luc Carvounas, président de l'Unccas, l’Union nationale des centres communaux d'action sociale, et maire (PS) d'Alfortville (Val-de-Marne), le 26 novembre 2019. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Face à la "rigueur" budgétaire annoncée par le Premier ministre Gabriel Attal, "je suis extrêmement inquiet", avoue Luc Carvounas, président de l'Unccas, l’Union nationale des centres communaux d'action sociale, et maire (PS) d'Alfortville (Val-de-Marne). Il était l'invité de France Bleu Normandie (Seine Maritie/Eure) mercredi 27 mars, à l'occasion du 93e congrès de l'Unccas qui s'ouvre au Havre jusqu'au 29 mars.

Les CCAS sont les organismes publics rattachés à la commune qui accompagnent les publics fragiles. Avec la rigueur budgétaire annoncée, Luc Carvounas espère que le secteur social ne sera pas touché : "L’association des maires de France comme l’Unncas se sont très clairement exprimées pour dire qu’il ne fallait pas faire des coups de rabots sur le bloc communal. Combien de crises avons-nous traversé depuis 2020, notamment la crise sanitaire?", rappelle l'élu.

Selon lui, le CCAS a un rôle essentiel et ne peut subir de baisse budgétaire. "Nous traitons les personnes en difficulté mais nous gérons aussi 60% des résidences autonomes en France, 11% des Ehpad, nous domicilions dans nos CCAS des personnes qui sont sans domicile, nous accompagnons nos administrés face à l’inflation et aux coûts de l’énergie. Nous sommes un véritable couteau suisse", plaide Luc Carvounas.

"La matière que l’on traite, c’est la matière humaine"

Surtout, le président de l'Unccas constate que "tous les maires que je vois abondent et augmentent la subvention à leur CCAS car depuis 2020, nous avons des publics que nous n’avions pas à traiter de manière aussi conséquente. Des seniors qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois, des salariés qui n’y arrivent plus non plus avec leur famille, des jeunes étudiants". Face à l'augmentation des demandes, "nous avons un public de plus en plus large, des budgets qui sont eux pas du tout exponentiels puisque avec l’annulation de la taxe d’habitation les maires doivent avoir un budget à périmètre constant d‘une année sur l’autre. Ce sont de vraies difficultés".

Les "coups de rabots" budgétaires augmentent les craintes du maire d'Alfortville. "Je suis extrêmement inquiet quand je vois les premiers 10 milliards de coups de rabots qui ont été produits, notamment 230 millions sur la dépendance et le handicap alors que quelques mois à peine avant Élisabeth Borne, Première ministre, parlait d’une grande loi de programmation pour préparer la société du bien vieillir, explique Luc Carvounas.

"Il n’y a pas de cohérence. L’État devait être un État stratège et préparer au regard des courbes Insee de 2040 l’augmentation des seniors."

Luc Carvounas, maire et président de l'Unccas

à France Bleu

D’ici 2040, les courbes "vont se croiser", il y aura "plus de Français qui auront 65 ans et plus, que 15 ans et moins. Il faut préparer cette société du bien vieillir", plaide Luc Carvounas.

Sans les CCAS, ce serait tout le modèle de la société française qui s'écroulerait selon lui. "Notre modèle économique, c’est qu’on n’a pas le droit de baisser le rideau, de faire faillite. La matière que l’on traite, c’est la matière humaine. Ce sont des hommes, des femmes et des familles. Si le gouvernement ne comprend pas qu’il y a une urgence à préserver ce que représente le bloc communal et que si nous avons un jour à le perdre, c’est tout notre modèle de société qui va être remis en question", conclut-il.

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