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Triple A : la droite relativise, la gauche dénonce

La France s'attend à perdre la note maximale décernée par les agences de notation. Le gouvernement en minimise les conséquences, la gauche en profite pour fustiger le bilan de Nicolas Sarkozy.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Nicolas Sarkozy, à Paris, le 12 décembre 2011. (JACKY NAEGELEN / POOL / AFP)

Le triple A survivra-t-il à l'année 2011 ? La France s'attend à perdre cette note dans les semaines, voire les jours qui viennent, après les mises en garde des trois grandes agences de notation que sont Standard & Poor's, Moody's et Fitch. En effet, la question n'est plus de savoir si la note française sera dégradée, mais quand elle le sera. "Je crois que maintenant, [la dégradation] est inéluctable", déclare ainsi au Parisien Norbert Gaillard, docteur en économie et spécialiste des agences de notation. Les marchés, eux, ont déjà enterré le triple A français, comme le montrait FTVi au mois de novembre.

Cette perte de la note maximale inquiète l'opinion publique. Deux Français sur trois se disent préoccupés par la dégradation de la note de leur pays, selon un sondage Ifop paru dimanche dans le quotidien régional Sud-Ouest. Une inquiétude due à "une erreur de communication", selon Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre des Affaires étrangères. Il y a trois mois, les Français ne savaient pas ce qu'était le triple A, a-t-elle estimé dimanche sur Europe 1.

Les politiques et les institutions organisent donc la riposte.

• Le gouverneur de la banque de France fustige les agences

Christian Noyer estime, dans un entretien au Télégramme de Brest, qu'une dégradation de la note souveraine de la France ne serait pas justifiée et que les agences de notation sont "devenues franchement incompréhensibles et irrationnelles". "On peut penser que l'utilité des agences pour guider les investisseurs n'est plus avérée aujourd'hui", ajoute le gouverneur de la Banque de France.

• La droite relativise

L'ensemble de l'exécutif tempère les conséquences d'une dégradation de la France. Un revirement qui ressemble à un rétropédalage général. Nicolas Sarkozy avait déclaré début décembre, selon Le Canard enchaîné "Si nous perdons le triple A, je suis mort", et le ministre des Finances, François Baroin, assurait que le maintien du triple A était "une condition nécessaire pour protéger notre modèle social".

Ainsi, Nicolas Sarkozy estime désormais, dans un entretien au Monde paru le 12 décembre, que la perte de la note maximale serait "une difficulté de plus, mais pas insurmontable""Si elles [les agences de notation] devaient nous le retirer, nous affronterions cette situation avec sang-froid", assure-t-il.

François Fillon, le Premier ministre, invité au journal télévisé de France 2 le 6 décembre, a déclaré que le triple A n'était "pas un totem", ajoutant que "les agences de notation, c'est très important, mais ce n'est pas le seul élément qui doit conduire le gouvernement dans ses choix".

Quant au ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, il a assuré que "ce ne serait pas non plus un cataclysme" dans un entretien au quotidien économique Les Echos le 14 décembre.

• Le PS s'engouffre dans la brèche

Manuel Valls, le député-maire d'Evry (Essonne), a estimé le 16 décembre sur RMC que "le Premier ministre, comme le ministre des Affaires étrangères, [qui] viennent de dire que cela ne serait pas, au fond, grave, c'est de l'irresponsabilité".

L'ancien Premier ministre Laurent Fabius a estimé le 14 décembre que la dégradation de la France serait "un bilan cataclysmique" pour Nicolas Sarkozy. "Si on perd le triple A, ce qu'il nous restera c'est le double I, c'est-à-dire à la fois l'inefficacité et l'injustice", a-t-il ironisé.

François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle, a dénoncé le 6 décembre sur France Inter "l'échec de la politique conduite depuis cinq ans".

De son côté, Dominique Reynié, professeur à Sciences Po Paris et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), proche de l'UMP, a expliqué à l'agence Reuters que la perte du triple A serait tout autant une mauvaise nouvelle pour le candidat socialiste que pour le chef de l'Etat, probable candidat à un second mandat.

Selon lui, "elle pourrait en outre favoriser les partis contestataires en alimentant le sentiment de l'impuissance des partis de gouvernement".

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