Crise : une série de mauvais signaux à trois jours du sommet européen
Chute des bourses, défection dans le gouvernement grec, désaccords persistants au sommet de l'Union européenne, nouveaux plans d'aide... L'Europe aura fort à faire jeudi et vendredi pour tenter de rassurer les marchés et les acteurs économiques.
La semaine commence mal pour l'économie européenne. L'annonce par Moody's de la dégrédation de 28 banques espagnoles a été la dernière d'une série de mauvaises nouvelles qui ont ponctué la journée du lundi 25 juin sur le plan économique, à trois jours du sommet européen des 28 et 29 juin à Bruxelles.
• Le secteur bancaire espagnol sanctionné par Moody's
L'agence de notation Moody's a annoncé tard dans la soirée qu'elle abaissait de un à quatre crans la note de long terme de la dette de 28 banques espagnoles et de deux émetteurs de crédits, confirmant si besoin était la mauvaise santé du secteur bancaire du pays.
Ce n'est pas tout : l'agence de notation avait alors précisé qu'elle pourrait encore abaisser la note d'une grande partie d'entre elles dans le futur. "Moody's s'attend à ce que l'exposition des banques à l'immobilier commercial accroisse encore leurs pertes, ce qui pourrait augmenter leur besoin de recourir à du soutien financier extérieur", poursuit l'agence.
• Deux nouvelles demandes d'aide officielles
Cette annonce intervient le jour de l'officialisation par l'Espagne de la demande d'aide formulée à l'attention de la zone euro, justement destinée à renflouer ses banques. La dégradation de Moody's n'a donc rien de surprenant, mais elle enfonce le clou sur les difficultés auxquelles est confrontée la quatrième économie de la zone euro.
Or dans la même journée, un autre pays a sollicité pour la première fois l'assistance financière de l'Union européenne : Chypre. Si l'économie de l'île ne pèse pas grand chose au sein de la zone euro en comparaison de la Grèce ou de l'Espagne, voir la liste des pays aidés s'allonger (Chypre est le cinquième, après la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne) n'est pas un bon signal.
• Des désaccords persistants au sommet de l'UE
Le sommet européen de jeudi et vendredi doit se pencher sur les difficultés les plus urgentes rencontrées dans la zone euro, notamment par l'Espagne. Les marchés attendent des solutions qui permettraient à la zone euro de sortir durablement la tête de l'eau, mais les dirigeants européens, qui ne sont pas tous d'accord, peinent à convaincre qu'ils sont en mesure de la trouver.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a ainsi répété lundi ses craintes de voir émerger des idées peu compatibles avec les volontés de l'Allemagne. "Quand je pense au sommet, ce qui m'inquiète est qu'il y aura toutes sortes d'idées de mutualisation de la garantie (des dettes souveraines) et trop peu d'idées pour plus de contrôle" des finances des Etats de la zone euro, a-t-elle déclaré dans un discours prononcé à Berlin, en référence notamment aux euro-obligations, pourtant implicitement mises de côté par la France.
• Une défection et pas mal de confusion dans le gouvernement grec
De son côté, la Grèce est plus que jamais dans la tourmente, et peine qui plus est à stabiliser son équipe gouvernementale. Lundi, le ministre des finances, Vassilis Rapanos, a renoncé à ses fonctions, pour raisons de santé après une hospitalisation en urgence la semaine précédente.
Ce départ à un poste clé est d'autant plus ennuyeux que le Premier ministre, Antonis Samaras, est lui-même dans l'incapacité de gouverner pour quelques jours suite à une délicate opération de la rétine. Il est notamment exclu qu'il participe au sommet européen des 28 et 29 juin à Bruxelles. C'est Carolos Papoulias, qui a 83 ans exerce la fonction purement honorifique de président de la République, qui conduira la délégation grecque.
Ces nouvelles interviennent dans un contexte politique des plus délicats : la nouvelle coalition gouvernementale, formée après la fragile victoire du parti conservateur aux élections législatives du 17 juin, a promis une "grande bataille" lors du sommet européen pour faire réviser les conditions d'austérité qui lui sont imposées. Mais alors que la "Troïka" - UE, BCE et FMI - était attendue lundi à Athènes pour un audit lié à une renégociation du "memorandum", elle a dû reporter in extremis sa visite à une date encore inconnue. Dans ces conditions, Berlin a prévenu que le cas grec resterait en suspens....
• Des marchés très pessimistes
Dans ce contexte et avant même la dégradation par Moody's et l'annonce concernant Chypre, les Bourses européennes faisaient grise mine lundi : elles ont toutes plongé à la clôture. Paris chutait de 2,24%, Londres de 1,14%, Francfort de 2,09%, Madrid de 3,67%, Milan de 4,02%, Lisbonne de 0,94%. Athènes plongeait de 6,84%.
Plus ennuyeux, l'évolution est toujours préoccupante du côté des marchés obligataires : les taux d'emprunt dont bénéficient l'Espagne et l'Italie ont connu une hausse, traduisant l'inquiétude des marchés concernant la situation de ces deux pays.
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