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Fin des plans d'aide à la Grèce : "Il y aura peut-être encore moins de liberté sur le plan économique"

"L'annonce de la fin de la tutelle est une question de propagande" et "la surveillance va continuer" pour le professeur de géopolitique Georges Prévélakis.

Article rédigé par franceinfo
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 Un homme brandit un drapeau grec face au parlement à Athènes, ici en 2015 . (IAKOVOS HATZISTAVROU / AFP)

"Il y aura toujours l'épée de Damoclès de l'abandon par les marchés", a estimé sur franceinfo lundi 20 août Georges Prévélakis, professeur de géopolitique à l'université Panthéon-Sorbonne à Paris, alors que la Grèce est sortie lundi de la tutelle du Fonds monétaire international (FMI) et de celle de la zone euro.

Au total, le pays aura bénéficié de trois plans d'aide depuis 2010, au prix de mesures d'austérité. "La surveillance va continuer", assure l'auteur du livre "Qui sont les Grecs ? Une identité en crise". "Le pays aura besoin de l'investissement des marchés qui, dès qu'il y aura des signes d'affaiblissement de la rigueur et de la stabilité politique, pourrait lâcher."

franceinfo : N'y a-t-il pas un paradoxe entre la sortie de la Grèce de la tutelle et les effets de la cure d'austérité ?

Georges Prévélakis : L'annonce de la fin de la tutelle est en fait une question de propagande, à la fois de la part du gouvernement grec qui cherche à dire aux Grecs qu'il a réussi à sortir de la rigueur, et du côté européen pour dire que cet effort aura sauvé la Grèce et est une réussite. Je ne dirai pas que c'est un échec mais la situation est plus nuancée. Il faut se rendre compte que la surveillance va continuer. Elle sera cette fois liée au marché, c'est-à-dire que le pays aura besoin de l'investissement des marchés qui, dès qu'il y aura des signes d'affaiblissement de la rigueur et de la stabilité politique, pourrait lâcher.

On entend beaucoup dire aujourd'hui que "la Grèce reprend sa liberté". Est-ce exact ?

Il n'y a aucune liberté sur le plan économique. Il y aura peut-être même encore moins de liberté, étant donné qu'il y aura toujours l'épée de Damoclès de l'abandon par les marchés et donc la perspective de la faillite. Jusqu'à maintenant, les programmes d'ajustement offraient un peu plus de souplesse à cette surveillance puisqu'il y avait toujours un critère politique dans l'évaluation de l'économie de la Grèce. Quand on est face au marché, il n'y a plus cette possibilité de négocier en fonction de critères politiques.

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui représente la gauche radicale, a promis plus de justice sociale dès que le pays serait sorti du plan d'aide. Peut-il vraiment tenir cette promesse ?

Non. Il y a bien sûr un risque qu'il cherche à revenir à certaines pratiques anciennes de clientélisme politique mais, dans ce cas-là, il mettra l'économie du pays et le pays lui-même en très grand risque en ce qui concerne la stabilité économique. Nous entrons dans une année extrêmement cruciale puisqu'il va y avoir des élections. La stabilisation du pays et de l'économie ou au contraire le retour à des grandes difficultés dépendra beaucoup de ce qui va se passer pendant ces élections.

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