Colère des agriculteurs : "Plus les jours passent, plus les risques de dérapages s'accentuent", alertent les renseignements territoriaux

"Les risques de trouble à l'ordre public sont réels", écrivent les renseignements territoriaux dans une note diffusée mercredi alors que la mobilisation des agriculteurs prend de l'ampleur en France.
Article rédigé par franceinfo, David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des agriculteurs mobilisés sur un blocage de l'A9 près de Nîmes (Gard), le 25 janvier 2024. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

La contestation des agriculteurs tend à s'amplifier et "plus les jours passent, plus les risques de dérapages s'accentuent", alertent les renseignements territoriaux (RT) dans une note diffusée mercredi, qu'a pu consulter franceinfo jeudi 25 janvier. "L'attente constitue clairement un facteur de désordre qui pourrait conduire à des actions tous azimuts", alerte la direction nationale du renseignement territorial (DNRT), dont la mission est de prendre la température des mouvements sociaux et de prévenir sur les risques de violences.

Selon les RT, "une visite du Premier ministre ou du président de la République en Occitanie" est la principale attente des agriculteurs, "gage de leur considération à l'égard de la profession" qui veut des "réponses gouvernementales concrètes et rapidement perceptibles, et ce avant le 26 janvier (ultimatum fixé par la base sur plusieurs points de blocage)". Par ailleurs, la note souligne que des "actions d'envergure sont attendues dans les prochaines 48 heures" notamment à Rennes jeudi et Montpellier vendredi, "où 600 agriculteurs et 150 tracteurs ont prévu de se rassembler devant la préfecture dans un état d'esprit déterminé". Et les RT préviennent : "Les risques de trouble à l'ordre public sont réels."

Les syndicats "risquent d'être débordés"

Les syndicats, alertent également les RT, "risquent d'être débordés si l'attente est trop longue" mais jusqu'à présent les agriculteurs mobilisés s'affranchissent "de façon très limitée" des syndicats agricoles, sauf dans le Tarn où les contestataires veulent poursuivre les blocages "en dépit des consignes syndicales". D'ailleurs, "dans de nombreuses actions, la part des non-syndiqués est importante et ils ne sont pas tenus de répondre favorablement aux consignes." Les RT prennent l'exemple de la Haute-Vienne où l'un des barrages routiers est "uniquement composé de non-syndiqués".

"Les syndicats agricoles, toutes filières, ne vont pas pouvoir s'affranchir de rentrer dans le mouvement au risque de perdre du crédit avec leurs adhérents."

Les renseignements territoriaux

dans leur note

Pour l'instant, indiquent encore les RT, "des conjonctions de lutte avec d'autres professions sont marginales" sauf "en Bretagne", pointent les renseignements territoriaux "où les entreprises de travaux agricoles (ETA) et les marins pêcheurs rejoindront les agriculteurs de la Coordination rurale des départements bretons et des Pays-de-la-Loire, à Rennes". "Les appels des gilets jaunes pour se joindre à l'action restent pour le moment sans effet", constatent les RT même si "dans le Vaucluse, les pages Facebook des gilets jaunes appellent à une 'convergence des luttes avec la contestation agricole'".

Samedi, préviennent plus précisément les RT, des gilets jaunes sont susceptibles de se rendre au péage d'Avignon-Nord "pour une tentative de ralliement". Mais "le corporatisme agricole ne favorise pas la convergence des luttes. Si le 23 janvier une participation de routiers a été observée dans la Drôme, celle-ci n'a pas connu d'émulation", indique la direction nationale des RT.

Une "probable action coup de poing"

Enfin, les renseignements territoriaux anticipent une "probable action coup de poing" qui "puisse prendre corps à Paris dans le courant de la semaine prochaine", "à défaut d'annonces de mesures rapides". Les RT rappellent qu'un tracteur isolé conduit par un agriculteur de Seine-et-Marne a mercredi "pu entrer dans la capitale avant d'être stoppé place de l'Étoile alors qu'il prenait la direction de l'Élysée".

Dans ce contexte, les instructions données mercredi par le ministère de l'Intérieur aux préfets rappellent "la grande modération attendue des forces de l'ordre". "C'est en dernier recours que les effectifs de maintien de l'ordre déployés aux abords de bâtiments publics seront autorisés à intervenir, et dans le seul cas où l'intégrité des personnes serait menacée ou les bâtiments exposés à de graves dégradations", indique le ministère de l'Intérieur.

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