Agriculture : une réunion avec Emmanuel Macron à l'Elysée pour "concrétiser" les annonces du gouvernement

Emmanuel Macron reçoit les représentants du monde agricole jeudi matin à l'Elysée pour échanger sur les "perspectives" du secteur et "acter la fin" de la crise de cet hiver.
Article rédigé par Steven Gouaillier
Radio France
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Le président s'adresse à des membres de la Coordination rurale le jour de l'ouverture du 60e Salon international de l'agriculture, à Paris, le 24 février 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / VIA AFP)

Un peu plus de deux mois après la fin des blocages et un salon de l'agriculture très chahuté, l'exécutif tente de tourner la page de la crise agricole. Emmanuel Macron reçoit à jeudi 2 mai les acteurs du secteur à l'Elysée – syndicats, responsables de filières ou interprofessions – pour "évoquer les perspectives de l'agriculture française et européenne", d'après la présidence de la République. L'objectif est de "projeter le secteur face aux défis des décennies à venir", selon les mots de l'entourage d'Emmanuel Macron.

La réunion se déroule quelques jours après l'annonce de Gabriel Attal de 14 nouvelles mesures pour venir en aide aux agriculteurs. Les syndicats majoritaires semblent prêts à entamer un nouveau chapitre avec le gouvernement mais sans reprendre les choses à zéro.

"On passe dans une autre phase de concrétisation"

Après les annonces de Gabriel Attal samedi, les nouvelles aides débloquées par la banque publique d'investissements pour les exploitations, l'accélération de 100 projets de stockage d'eau ou d'irrigation, la FNSEA comme les Jeunes Agriculteurs ont estimé que "la phase de travail postérieure aux mobilisations se termine" ce qui veut dire que l'on passe à une autre phase dès ce matin à l'Elysée. "On passe dans une autre phase de concrétisation, explique Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA. Comment on fait pour redonner du revenu pour qu'on ne soit plus la variable d'ajustement entre la grande distribution et l'industrie agroalimentaire ? Comment on fait pour qu'on arrête de nous interdire l'utilisation de produits phytosanitaires ? En tout cas ce rendez-vous pour les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA est très important."

Les chantiers à suivre restent nombreux. Il y a notamment le projet de loi d'orientation agricole, discuté depuis mardi en commission à l'Assemblée, pour faciliter notamment la transmission des exploitations, le plan Ecophyto dans les prochains jours, la nouvelle mouture d'Egalim attendu d'ici l'été et l'avenir des prix planchers pour protéger le revenu des agriculteurs, annoncé par Emmanuel Macron lui-même au Salon de l'agriculture.

Mais "personne ne sait ce que pense le président sur l'agriculture", reconnaît un conseiller ministériel. La politique agricole a fait des zig-zag ces dernières années, entre aides massives à la fin du quinquennat précédent, puis planification écologique, et enfin volonté d'assouplissement des règles après la crise de cet hiver.

"Nos agriculteurs n'ont pas l'impression d'avoir été entendus"

Les organisations agricoles ont encore des demandes à faire au chef de l'État, surtout en matière de trésorerie. Par exemple, la Coordination rurale salue des avancées mais le compte n'y est toujours pas, pour sa présidente Véronique Le Floc'h : "Nos agriculteurs n'ont pas l'impression d'avoir été entendus. Nos trésoreries sont à sec. Les banquiers ne sont pas plus que ça impliqués dans l'effort à faire."

"Je ne vois pas comment, dans une réunion aussi ouverte, on pourra se sentir entendus. En tout cas on ne partira pas avec des réponses claires, définitives et fermes."

Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale

à franceinfo

Des critiques aussi du côté de la Confédération paysanne, qui pointe jusqu'ici un manque de volonté pour assurer un revenu aux exploitants et de les accompagner dans leur transition écologique. Mais pas de quoi retourner sur les routes avec les tracteurs pour le moment, même si la colère reste bien présente, d'après les syndicats. Ils reconnaissent tous des avancées depuis le début de la crise, mais excluent pour l'instant de relâcher la pression.

De son côté, le gouvernement estime que 91% des engagements pris pour répondre à la colère des agriculteurs sont bouclés ou avancés.

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