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"Je ne suis pas le Père Noël" : les propos d'Emmanuel Macron en Guyane "ont le mérite de la franchise"

L'économiste Olivier Sudrie a expliqué, vendredi sur franceinfo, qu'il "fallait très vite changer le modèle économique et ne pas tout attendre de l'État", alors qu'Emmanuel Macron est actuellement en Guyane après la signature d'un plan d'urgence.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et le président du Conseil régional de la Guyane, Rodolphe Alexandre, le 20 décembre 2016. (JODY AMIET / AFP)

Les propos d'Emmanuel Macron, comme n'étant pas le "Père Noël" à son arrivée en Guyane, ont "le mérite de la franchise", a jugé Olivier Sudrie, économiste, spécialiste de l’outre-mer, vendredi 27 octobre sur franceinfo. Une déclaration qui fait polémique dans un contexte de tension. Des échauffourées ont éclaté, jeudi soir, entre manifestants et forces de l'ordre.

Emmanuel Macron est en Guyane, six mois après le plan d'urgence d'un peu plus d'un milliard d'euros mis en place par le précédent gouvernement, pour aider au développement de cette région d'outre-mer.

franceinfo : Les Guyanais ne sont-ils pas trop impatients ?

Olivier Sudrie : Quand on signe un plan d'urgence, on s'attend à voir des résultats presque immédiats. Or, en Guyane, les problèmes sont immenses. Ils ne touchent pas seulement l'économie, ils touchent la sécurité, la santé, l'éducation. Ses problèmes ne vont pas pouvoir être réglés, même à coup de milliards d'euros. Ils ne vont pas pouvoir être réglés dans les six mois à venir. Les propos du président ont été un peu francs et directs, mais ils ont eu le mérite de la franchise. Le redécollage de la Guyane, que les Guyanais appellent de leurs vœux, est de l'ordre d'une vingtaine d'années au moins pour rejoindre le niveau de la métropole.

Le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros est-il suffisant ?

Il a été décidé suite au mouvement de la population et il faut apporter des réponses rapides quand on a des problèmes de troubles de l'ordre public. Est-ce que la somme était suffisante ? Je crois que le collectif réclamait 5 milliards d'euros. Ce n'est pas du tout une somme ridicule au regard des engagements de l'État dans le département, mais c'est une goutte d'eau par rapport à la richesse que seule les Guyanais pourront créer pour rattraper leur retard.

L'argent va-t-il au bon endroit ?

L'argent, on en a besoin partout. Il faut donner la priorité à l'éducation. On a 50% de la population qui n'a pas de diplôme ou qui est très peu diplômée. C'est colossal ! On est à 30% en métropole. Le taux d'illettrisme est un frein pour les entreprises. Malheureusement, un Guyanais sur quatre est illettré. En métropole, c'est 10% seulement. Il faut faire dans l'éducation, dans la santé, dans la sécurité, c'est une revendication forte. Il ne peut pas y avoir de développement sans sécurité. Le président l'a rappelé, il faut lancer très vite des assises et changer très vite le modèle économique, et ne pas tout attendre de l'État.

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