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Crise du prêt-à-porter : "On est arrivé à un marché de saturation", selon le directeur de l'Observatoire économique de l'Institut français de la mode

"Les enseignes ont sans doute ouvert trop de magasins dans la période de la fin des années 2000", explique jeudi sur franceinfo Gildas Minvielle, alors que plusieurs enseignes de pret-à-porter sont en grande difficulté. 

Article rédigé par franceinfo
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Boutique Camaieu fermée à Menton (Alpes-Maritimes), le 3 novembre 2022.  (JEAN FRANÇOIS OTTONELLO / MAXPPP)

"On est arrivé à un marché de saturation", a décrit jeudi 2 février sur franceinfo Gildas Minvielle, directeur de l'Observatoire économique de l'institut français de la mode. Après la mise en redressement judiciaire de Kookaï et la cession imminente de Pimkie cette semaine, et la liquidation de Camaïeu à l'automne 2022, le secteur du prêt-à-porter est plus que jamais en crise. Une situation liée à la conjoncture économique mais aussi aux "arbitrages de consommation" qui "changent". 

franceinfo : Pourquoi le milieu de gamme semble le plus touché ?

Gildas Minvielle : Parce que c'est un secteur où l'offre est surdimensionnée. Les enseignes ont sans doute ouvert trop de magasins dans la période de la fin des années 2000, alors que se développait internet. Donc, peut-être que ce tournant-là a mal été saisi par certaines enseignes. On frise la saturation en France par rapport à l'offre et une demande qui est atone et qui n'est pas dynamique.

Les enseignes n'ont pas pris le tournant du changement d'habitude des consommateurs ?

Nous ne sommes plus dans la boulimie de consommation, mais on va se diriger petit à petit vers le moins, mais mieux avec une demande d'éco-responsabilité et de seconde main. Nous avons des stocks de vêtements très importants et on est arrivé à un marché à saturation. Et c'est un marché qui est mature aujourd'hui, le marché de la mode en France et dans les grands pays européens. Donc on a suffisamment de vêtements et ça aussi, c'est à prendre en considération. Aujourd'hui, il faut se distinguer et prendre des parts de marché aux concurrents et c'est ça qui est difficile. Et dans cet univers concurrentiel, vous avez des gros acteurs qui sont très performants, comme les Zara, H&M. C'est compliqué pour les enseignes françaises historiques qui sont plus anciennes et qui ont du mal à se faire de la place.

Et quelles sont les solutions ?

Je n'ai pas la prétention d'apporter des solutions, mais une des voies qu'il faut suivre, c'est d'aller vers davantage d'éco-responsabilité, de proposer moins mais mieux. Et le consommateur sera gagnant. Mais ce n'est pas facile parce que le consommateur n'est pas très informé. Il a tendance, par nécessité, et on sait que les classes moyennes ont beaucoup souffert en France, à se tourner soit vers des premiers prix, soit des prix accessibles. On a besoin d'en savoir un petit peu plus sur la transparence : Où sont fabriqués les vêtements ? Pour faire une révolution et aller vers davantage d'éco-responsabilité à l'image de ce qu'on a observé dans le secteur alimentaire.

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