Crise du porc : la Cooperl absente à nouveau du marché breton jeudi
Le bras de fer entre les éleveurs de porc et les industriels cache une autre division, celle entre les poids-lourds du secteur. La bataille entre industriels sur le prix du porc s'est même durcie. La Cooperl, l'une des deux plus grosses entreprises du secteur, sèchera jeudi, comme lundi, le marché au cadran de Plérin. Dans le même temps, trois grandes enseignes commerciales apportent leur soutien aux éleveurs.
Boycott confirmé
Déjà absente du marché breton qui fixe le prix de référence national du porc, la Cooperl a fait savoir ce mercredi qu'elle maintenait sa position vue comme du "chantage" par la Fédération nationale porcine (FNP). Le poids-lourd du secteur sera absent du marché breton jeudi, ainsi que le confirme brièvement son président Patrice Drillet :
"On ne change pas d'avis tous les jours"
De son côté, Bigard, le numéro un de la viande en France, absent aussi lundi du marché, joue la discrétion et n'a pas souhaité communiquer sur sa décision.
La Cooperl et Bigard/Socopa se retrouvent sous le feu nourri des critiques des éleveurs mais aussi du ministre de l'Agriculture. Depuis lundi, la confrontation entre éleveurs et industriels du porc a viré à la guerre des industriels. La cotation des cours a été annulée lundi au Marché au Cadran à Plérin. Les deux industriels majeurs de la transformation de viande, la Cooperl et Bigard/Socopa n'y ont pas participé, jugeant trop cher le cours du porc à 1,40 euros le kilo, soit 13 centimes de plus qu’avant l’augmentation du 17 juin dernier. Un prix fixé avec le gouvernement mi-juin, pour soutenir les éleveurs en difficulté.
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Un marché décalé
Leclerc, Intermarché et Casino assurent qu’ils achèteront bien ce jeudi à 1euro 40 le kilo. C’est tout l’inverse des plus gros industriels du secteur. La Cooperl et Bigard. Patrice Drillet, le président de la Cooperl Arc Atlantique, estime ce prix déconnecté des réalités du marché européen : "Nous avons un dilemme, l‘intérêt de nos adhérents c’est d’avoir un prix à 1 euro 40 mais le marché dans lequel nous vivons est un marché ouvert, lui ne supporte pas ce prix car nos concurrents sont beaucoup moins chers. Ils nous prennent des parts de marché et on connait de grandes difficultés à l’export. Si c’est le prix pratiqué demain, il faut qu’on fasse des mesures compensatoires" .
Une nécessaire harmonie européenne
Pour sortir des crises à répétitions, la plupart des observateurs plaident désormais pour une harmonie européenne. Car si les prix revalorisés mi-juin sous l’égide du gouvernement permettent aux éleveurs français de couvrir leurs frais de production, ils sont bien plus haut de ceux pratiqués par la concurrence étrangère, espagnole ou allemande. Ces derniers proposent des prix inférieurs de 30 centimes par rapport aux éleveurs français.
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