Mayotte : des habitants affirment qu'ils organisent des "rondes" pour livrer des clandestins à la gendarmerie
Interrogée sur le sujet, la ministre des Outre-mer "invite les habitants à laisser les forces de l'ordre faire leur travail". L'île est paralysée par un mouvement contre l'insécurité depuis le 20 février.
Un membre d'un collectif d'habitants du nord de Mayotte a affirmé, samedi 17 mars, à l'AFP, que des "rondes" étaient organisées afin "de démanteler les groupes d'étrangers, comoriens et africains", présumés en situation irrégulière, et les emmener à la gendarmerie. Selon lui, ces opérations ont déjà visé près d'une centaine d'étrangers.
Le collectif, créé lundi après l'agression d'un villageois par des "coupeurs de route", regrouperait six villages du nord de l'île. "On ne veut pas d'affrontements, pas de tabassages, pas de coups", précise ce Mahorais, affirmant qu'il n'y a pas de résistance de la part des clandestins présumés.
Les membres du collectif demanderaient à ces personnes de préparer leurs bagages dans un délai imparti puis les amèneraient à la gendarmerie la plus proche "en fourgonnette". "Nous faisons partir ceux que nous ne connaissons pas, qui n'ont pas d'attache au village", explicite le villageois, disant que ceux mariés avec des gens de la commune sont épargnés.
Des "pseudo-milices", selon la gendarmerie
"Ce genre de pratique, ça n'existe pas dans un département, a réagi la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, samedi. J'ai pris des engagements en matière de sécurité. Ils sont tenus, comme le prouvent les opérations de ces derniers jours. J'invite les habitants à laisser les forces de l'ordre faire leur travail." Des opérations de sécurisation et de contrôle des personnes en situation irrégulière ont été menées depuis deux jours par les forces de l'ordre à Mayotte, pour faire suite aux engagements de la ministre.
Le membre du collectif assure que la gendarmerie "collabore" avec eux, alléguant que les forces de l'ordre de la zone se seraient déjà rendues sur les lieux où vivent les clandestins présumés afin d'encadrer les actions et "qu'il n'y ait pas de débordement". La gendarmerie a démenti formellement toute collaboration. "C'est absolument faux, on ne va pas assister les pseudo-milices qui expulsent des personnes en situation irrégulière. On agit dans un Etat de droit", a déclaré un officier. Ce dernier a toutefois indiqué que des étrangers se "réfugiaient à la brigade en se présentant comme clandestins".
Le collectif affirme avoir également "intercepté une vedette" de migrants en situation irrégulière qui aurait accosté, mercredi, dans le nord, et avoir amené cinq personnes à la gendarmerie après avoir brûlé la barque.
A Mayotte (220 000 habitants), plus de 40% des habitants sont étrangers, pour la plupart en situation irrégulière. La visite de la ministre Annick Girardin la semaine dernière n'a pas suffi à apaiser les tensions. L'île est paralysée par des barrages depuis le 20 février, après un appel d'une intersyndicale qui proteste contre l'insécurité.
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