Fin du droit du sol à Mayotte : l'ancien Premier ministre Manuel Valls dénonce un projet de réforme "inutile, inefficace et dangereux"
"C'est une réforme inutile, inefficace et dangereuse", fustige mercredi 21 février 2024 sur France Inter Manuel Valls, ancien Premier ministre socialiste au sujet du projet de révision constitutionnelle destinée à supprimer le droit du sol à Mayotte – réforme voulue par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. L'ancien Premier ministre estime qu'une telle réforme "ne règlera pas les problèmes sérieux" que connaît le 101e département français. "Attention à ne pas y toucher à travers des réformes constitutionnelles qui me semblent hasardeuses", prévient-il.
S'il reconnaît que l'île de l'océan Indien est frappée par une crise migratoire, Manuel Valls soutient que "le droit du sol" n'est pas "responsable du chaos qui règne à Mayotte". Il considère au contraire qu'en "faisant croire [cela], on ouvre une boîte de Pandore extrêmement dangereuse pour notre débat national". L'ancien chef de l'exécutif rappelle qu'il y a deux ans "800 mineurs ont obtenu la nationalité française, contre 2 800 en 2018" en raison en partie "de la loi de 2019 qui a restreint le droit du sol". Et selon Manuel Valls, cette diminution n'a "pas réglé les problèmes migratoires".
Une "triple fracture à la fois géographique, historique et symbolique"
Manuel Valls explique que cette "situation extrêmement difficile" est plutôt due au fait que l'île est certes "le département le plus pauvre de notre pays", mais qu'il est aussi "le territoire le plus riche dans cette région". Il plaide donc pour "plus de forces", ainsi que pour "des moyens supplémentaires et un rapport de force avec les Comores".
L'ancien Premier ministre socialiste craint qu'une suppression totale du droit du sol à Mayotte "n'ouvre une triple fracture, à la fois géographique, historique et symbolique". "Cela ouvre un débat sur ce qu'est la Nation", précise-t-il. Manuel Valls met en effet en avant la "dimension assimilationniste" du droit du sol. "Nous avons de vrais problèmes d'intégration et d'assimilation, mais pas à cause du droit du sol. Parce que nous n'avons pas fait les efforts nécessaires à travers l'école, les symboles, pour que chacun puisse se sentir Français et aimer la France", ajoute-t-il.
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