Covid-19 : le confinement pour freiner l'épidémie inquiète les commerçants de Boulogne-Billancourt
Les commerces non essentiels devront fermer leurs portes vendredi soir à 18 heures. Même si le gouvernement assurer qu’il sera du côté des commerçants, à Boulogne-Billancourt, à l'ouest de Paris, ces derniers craignent autant la chute de chiffre d’affaires que la perte du contact avec les clients.
Sur le boulevard Jean-Jaurès, à Boulogne-Billancourt, l'une des artères les plus commerçantes d'Île-de-France, deux kilomètres de commerces de toutes sortes se succèdent, vitrine après vitrine : grandes enseignes, chaînes, indépendants. Nombreux sont ceux qui, à cause du reconfinement imposé par la crise sanitaire du coronavirus Covid-19, vont devoir baisser le rideau pour quatre semaines vendredi 19 mars à 18 heures.
Après les annonces du Premier ministre Jean Castex, les commerces considérés comme non essentiels vont en effet devoir fermer leurs portes dans seize départements. Des discussions ont lieu depuis vendredi matin entre les représentants de la profession et le gouvernement pour en préciser les conditions, mais pour les commerçants, c’est un nouveau coup de massue.
Une grande vérité de l'existence se vérifie ce matin-là : le sport préserve le moral. On le constate en poussant la porte de Passion Running, un magasin de matériel pour la course à pied. Geoffrey est l’un des dix salariés. Pour ce fondu de course à pied, pas de panique : "Je pense que ça va aller, assure-t-il. On va serrer un peu les dents, mais on ne va pas se plaindre : le magasin va être officiellement fermé et après, on travaillera avec le click and collect grâce à notre site internet."
"On pourra peut-être mettre en place un système d'analyse de foulée via la vidéo pour nos clients. On va pouvoir travailler quand même et les gens vont avoir du temps aussi pour courir !"
Geoffreyà franceinfo
Mais en traversant la rue, le moral descend vite. Charles tient une solderie de vêtements et c’est la troisième fois en un an qu’il doit éteindre les lumières de son magasin pour plusieurs semaines. Sa trésorerie est au plus bas. "Cela ressemble à un chiffre d'affaires complètement morcelé, soupire-t-il, morne. Sans objectif, ni réelles perspectives de pouvoir acheter de la marchandise. Notre job à nous, c'est tout simplement de trouver des bons lots, des belles marchandises pour faire plaisir aux clients et pour que les clients en profitent. On a quand même des charges à supporter, donc oui, bien sûr, on est inquiets, très inquiets."
Sur les trottoirs, de nombreux clients se pressent pour réaliser leurs derniers achats. Chez Toto, magasin de tissus, un café à la main, le gérant, Coco, veille au respect des distances sanitaires entre clients. Considéré comme essentiel, son commerce va rester ouvert. Mais il ne s’en réjouit pas. "On n'a aucun plaisir à faire du chiffre en sachant le nombre de morts, explique-t-il. C'est une catastrophe humaine en direct, qu'on n'a jamais vécue dans ma génération."
"J'ai beau vendre du tissu, j'ai beau faire du chiffre, je ne suis pas heureux."
Cocoà franceinfo
Les commerces du boulevard Jean-Jaurès de Boulogne-Billancourt fermeront vendredi soir pour quatre semaines, comme 110 000 autres dans les départements concernés. Le gouvernement a beau assurer qu’il sera à leurs côtés, ce n’est pas seulement la chute de chiffre d’affaires qui pèse, mais aussi la perte du contact avec les clients.
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