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Alimentation à crédit dans des supermarchés : un moyen d'"enlever beaucoup d'angoisse" dans les files avant les caisses

Maxime Pekkip, membre du conseil de la Fédération des associations Crésus, a estimé, lundi sur franceinfo, que la décision du groupe Casino de mettre en place un système de paiement différé pour ses clients aux fins de mois difficiles n'est pas à craindre s'il est bien utilisé.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une cliente paie en liquide à une caisse d'un supermarché, en décembre 2007. (FRANK PERRY / AFP)

Pour certains, la mise en place par le groupe Casino d'un système de paiement différé pour ses clients aux fins de mois difficiles est "un système qui peut aggraver le mal-endettement", pour Maxime Pekkip, cela "va enlever beaucoup d'angoisse dans les queues de supermarché", où l'on redoute "que la carte ne passe pas". Invité de franceinfo, lundi 30 avril, le membre du conseil de la Fédération des associations Crésus, contre le surendettement, membre du comité de l’Observatoire de l’inclusion bancaire du ministère de l’Économie et des Finances, s'est aussi dit inquiet "du suivi et de l'accompagnement des personnes qui sont en difficulté" et de la manière dont Casino va les "détecter".

franceinfo : Que pensez-vous de ce type de crédit ?

Maxime Pekkip : On n'a rien à craindre d'un outil de ce genre tant qu'il est bien utilisé. Je m'inquiète surtout du suivi et de l'accompagnement des personnes qui sont en difficulté. À l'heure actuelle, on constate qu'il y a de moins en moins de suivi dans les produits financiers. Ces produits sont de plus en plus vendus comme des produits en supermarché. De ce fait, je ne suis pas choqué de voir des supermarchés vendre des produits financiers.

Y-a-t-il un risque de surconsommation ?

Pas à mon sens. En revanche, je m'inquiète vraiment pour Casino. Il faut se demander si le groupe a les moyens de faire face aux risques d'impayés. On parle de trois millions de clients fragiles en France, trois millions de personnes en difficulté qui n'arrivent pas à faire face à leurs dépenses d'hygiène, de loisirs et d'habillement. Il ne faut pas oublier qu'à l'heure actuelle, une personne sur cinq est touchée par le surendettement en France. Lorsqu'on accueille des personnes surendettées chez nous, c'est moins sept euros de reste à vivre hors dépenses alimentaires, hygiène, loisirs et habillement. À cela se rajoute 120 euros de frais bancaires en moyenne. Tant que la banque permet le prélèvement de ces courses alimentaires, ça ne pose pas de problème, elle prendra des frais au passage. Mais au bout d'un moment, ce sera l'impayé sec pour Casino. Si déjà les banques n'arrivent pas à détecter leurs clients fragiles, je me demande comment le groupe va réussir à détecter les personnes en difficulté.

Faites-vous le rapprochement entre cette possibilité de paiement différé des courses et les bousculades dans les supermarchés à l'occasion de promotions ?

On parle souvent de consumérisme en le teintant d'un peu de plaisir et d'irresponsabilité... Ce n'est pas toujours le cas. Il ne faut pas oublier que la consommation, pour beaucoup de nos concitoyens, est génératrice d'anxiété. Ce système de paiement différé va enlever beaucoup d'angoisse dans les queues de supermarché. Tous nos bénéficiaires sont terrorisés par la perspective que leur carte ne passe pas en caisse. Ce système mis en place par Casino n'est pas une mauvaise idée. Mais j'ai des inquiétudes sur son modèle économique et la manière d'appréhender le risque [d'impayés].

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