Inflation: comment va fonctionner l'expérimentation du chèque alimentaire en Seine-Saint-Denis

Le département va lancer à partir du 1er trimestre 2024 un chèque alimentaire en ciblant des étudiants, des femmes enceinte ou des jeunes mamans.
Article rédigé par franceinfo - Camille Marigaux
Radio France
Publié Mis à jour
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Illustration d'un caddie de course. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Malgré l'inflation, l'exécutif a finalement renoncé à mettre en place un chèque alimentaire au niveau national. Si le dispositif est jugé trop complexe sur l'étendue du territoire, alors, pourquoi ne pas essayer à l'échelle locale ? Le département le plus pauvre de la France hexagonale, la Seine-Saint-Denis, désire en tout cas se lancer. Son président Stéphane Troussel a annoncé, au mois de juin, dans le Journal du Dimanche, l'expérimentation d'un "chèque alimentaire durable" à partir du 1er trimestre 2024.

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Ce chèque alimentaire va concerner plus d'un millier de personnes en situation de précarité réparties dans plusieurs villes du département. L'aide va surtout cibler des étudiants, des femmes enceinte ou des jeunes mamans. Chaque foyer recevra 50 euros par mois et par personne, pendant six mois sur une carte type ticket restaurants, utilisable dans tous les commerces alimentaires. Et certains achats seront encouragés. "Si les personnes vont dans des lieux spécifiques, type l'Amap du coin, un supermarché identifié comme proposant des produits durables ou une chaîne spécifique, bio ou durable, l'achat, par exemple de 10 euros, permettra que 5 euros soient crédités sur la carte", explique Hélène Quéau, responsable de la mission France pour Action contre la faim, qui accompagne ce projet.

Une expérimentation déjà menée à Montreuil


Ce type de transfert monétaire a déjà été testé à Montreuil. Un projet baptisé "Passerelle", mené juste après le confinement, et là aussi avec Action contre la faim. Katia en a bénéficié. Elle était alors enceinte, sans travail ni minimas sociaux et avec un budget serré entre le loyer, les factures et enfin les courses. "Avant la fin du mois, il ne reste plus rien, explique Katia. J'allais chez ma mère pour manger ou des fois, je me privais pour mes enfants. On ne fait plus attention. On se fait mon plaisir."

Katia a reçu - pour elle, son fils, et son compagnon - 180 euros par mois pendant un trimestre. De quoi acheter à manger et des produits pour bébés, une bouffée d'air pour toute la famille. "Franchement, ça m'a beaucoup aidé et soulagé. Ça m'a vraiment fait du bien et tombé à une période où on était dans le besoin. On avait une dette parce qu'il y a eu un problème avec le loyer.

"Cela nous a permis aussi de rembourser plus vite nos dettes."

Katia, bénéficiaire du projet Passerelle 

à franceinfo

Katia a aussi bénéficié d'un accompagnement social, ce qui est d'ailleurs prévu avec ce futur chèque alimentaire. "On s'est rendu compte que, au travers de la sélection des personnes qui ont bénéficié du transfert monétaire dans le cadre de Passerelle, il y avait des publics qui n'étaient pas connus par les centres communaux d'action sociale ou par les circonscriptions sociales du département, il y avait un enjeu d'accès au droit", explique Ari Brodach, chargée de la transition écologique au département de Seine-Saint-Denis.

Le coût global de ce chèque alimentaire est estimé à 2,3 millions d'euros. La moitié devrait être prise en charge par l'Etat via le programme national "Mieux manger pour tous". Il s'agit de 20 millions d'euros débloqués par le gouvernement pour soutenir des initiatives locales de lutte contre la précarité alimentaire.

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