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"Le profit retiré de cette privatisation est parfaitement scandaleux" : de plus en plus d'élus posent la question de la renationalisation des autoroutes

Si les plus grosses concessions n'arriveront à échéance qu'à partir des années 2030, des élus de tout bord s'engagent en faveur d'une renationalisation.

Article rédigé par franceinfo - Manon Claverie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La barrière de péage de Chignin, en Savoie, le 10 février 2018. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

Chassé-croisé classé noir par Bison Futé oblige, beaucoup de monde sont sur les routes samedi 3 août. L'occasion pour le vieux débat qu'est la renationalisation des autoroutes de refaire surface. La fin des contrats de concessions approche. "Les plus grosses concessions arrivent à échéance entre 2031 et 2036", rappelle Jean-Baptiste Djebbari, jeudi 1er août sur franceinfo. Le député LREM estime que "l'État stratège est fondé à se poser la question de savoir ce qu'il entend faire avec ses grandes infrastructures".

Est-ce que vous avez vu, à un moment donné, l'État qui a dit non : 'On n'augmente pas tel tarif sur telle autoroute' ? Moi, je ne l'ai jamais vu.

Jean-François Parigi, député LR

à franceinfo

Les autoroutes sont privées depuis 2005. La décision avait été prise par le Premier ministre Dominique de Villepin, sous la présidence de Jacques Chirac. Aujourd'hui, les propres membres de sa famille politique regrettent l'opération. Jean-François Parigi "serait plutôt d'avis à ce que l'État reprenne les concessions". Le député Les Républicains "comprend que l'État ne soit pas obligatoirement le pilote des autoroutes. La seule chose, c'est que le montage financier qui a été fait doit être mis en cause".

Si reprendre le contrôle des autoroutes fait consensus, il ne pourra pas intervenir avant plus d'une dizaine d'années. Le Parti communiste, quant à lui, estime qu'il y a urgence. Pierre Laurent a déjà déposé trois propositions de loi pour renationaliser les autoroutes. La dernière date du mois de février. Le sénateur estime que "le profit retiré de cette privatisation est parfaitement scandaleux et chaque fois que l'on paye au péage de l'autoroute, une part tout à fait excessive va à des profits indus qui sont servis aux concessionnaires privés".

Utile pour financer les "déplacements alternatifs"

L'avis est partagé par la France insoumise, le Rassemblement national et Europe Écologie-Les Verts. Pour son secrétaire national David Cormand, renationaliser les autoroutes, c'est écolo : "Avec cet argent, l'État pourrait choisir d'investir par exemple sur les transports, les déplacements alternatifs que ce soit le train ou que ce soit en aidant les collectivités locales à développer les transports du quotidien, c'est-à-dire des transports en commun."

Mettre fin aux contrats avant leur terme coûterait 25 milliards d'euros. D'après un ancien député socialiste spécialiste du sujet, il faudrait à l'État 15 ans pour commencer à en retirer des bénéfices. L'ex-élu ajoute un chiffre : en 2032 les sociétés d'autoroutes auront versé à leurs actionnaires des dividendes quatre fois plus élevés que le prix auquel ils ont acheté les concessions.

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