Des investisseurs boursiers portent plainte contre Facebook
L'action en justice vise à la fois le célèbre réseau social et les banques qui ont piloté l'introduction en Bourse du réseau social. En cause : des irrégularités et une informations tronquée.
Rien ne va plus pour Facebook. Depuis une tumultueuse entrée en Bourse, vendredi 18 mai, le pilotage de l'opération, supervisée par trois banques dont Morgan Stanley, éveille les soupçons.
Mercredi 23 mai, les plaintes en nom collectif d'investisseurs qui s'estiment lésés par l'entrée en Bourse ratée du réseau social se sont multipliées.
• Des investisseurs portent plainte
Les plaintes déposées par trois cabinets d'avocats au nom d'investisseurs visent à la fois le réseau social en ligne et les banques qui ont géré l'opération boursière. L'action, lancée en Bourse vendredi à 38 dollars, a perdu près de 20% sur les trois premières séances. Pour ces investisseurs, les irrégularités dans le pilotage de l'opération sont évidentes.
Ils accusent le prospectus boursier présentant l'opération aux acheteurs potentiels d'avoir été "préparé avec négligence" et de ne pas avoir "révélé des données-clés sur les activités de Facebook et ses perspectives".
La plainte accuse en particulier les trois principales banques ayant organisé l'entrée en Bourse, à savoir Morgan Stanley, Goldman Sachs et JPMorgan Chase, ainsi que certains dirigeants, administrateurs ou responsables du réseau social. Ils sont mis en cause pour ne "pas avoir révélé que pendant la présentation de l'opération aux investisseurs, les principales banques chargées de l'opération avaient abaissé leurs prévisions, et que cette information n'avait été communiquée qu'à une poignée de gros investisseurs, pas au grand public".
• Des irrégularités dans le pilotage de l'opération ?
Mardi, des médias ont en effet annoncé que les analystes des trois principales banques impliquées avaient revu à la baisse leurs attentes pour les résultats de Facebook dans les jours précédant l'entrée en Bourse, et en avaient averti certains de leurs clients.
"Si elles sont vraies, les allégations [sur la diffusion d'informations négatives à certains clients] posent question pour la Finra [Autorité de régulation de l'industrie financière] et la SEC [Securities and Exchange Commission, autorité de contrôle des marchés financiers] au regard de la réglementation", a déclaré le directeur général de la Finra dans des propos rapportés par le Los Angeles Times (article en anglais).
Selon une source interrogée par l'AFP, les analystes n'auraient fait qu'extrapoler à partir d'une indication fournie par Facebook lui-même dans son dossier d'entrée en Bourse : le réseau social y avait indiqué que son chiffre d'affaires continuait à croître moins vite que le nombre de ses utilisateurs - révélant la poursuite d'une tendance déjà observée.
• Le cours remonte après trois jours de chute
Après trois jours de cotation marquée par la dégringolade du titre, l'action Facebook a gagné, mercredi, 4,25% à 32,32 dollars, quelques minutes après l'ouverture de la Bourse de New York.
Le titre du champion des réseaux sociaux qui s'était maintenu de justesse au-dessus de son cours d'introduction de 38 dollars vendredi grâce à l'intervention des banques ayant piloté l'opération, avait depuis chuté sans interruption jusqu'à la clôture mardi, ayant perdu au total 18,42% de sa valeur. La valorisation du site aux 900 millions d'utilisateurs avait alors baissé de quelque 19 milliards de dollars.
• Un plantage collectif ?
Beaucoup parlent déjà d'échec et mettent en cause les banques qui ont organisé l'opération, principalement Morgan Stanley, mais aussi JPMorgan Chase et Goldman Sachs, qui tenaient les premiers rôles parmi onze banques mobilisées. "Elles se sont complètement plantées, explique Michael Pachter, analyste chez Wedbush Securities, à l'AFP. Elles ont mis trop de titres sur le marché et celui-ci n'était pas prêt à les absorber."
Plusieurs analystes ont souligné à quel point il est difficile de fixer le niveau de prix d'une entreprise comme Facebook, qui suscite un énorme intérêt auprès du grand public. Les soucis techniques du marché Nasdaq pour gérer le gros volume d'ordres, vendredi, ont aussi ajouté aux difficultés inhérentes à ces opérations.
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