"Lundi noir" à Shanghai : pourquoi les Bourses mondiales s'effondrent
La Bourse de Shanghai a clôturé en chute de près de 8,5%. Paris, Londres et Francfort ont perdu plus de 3% à l’ouverture. Et la situation pourrait durer.
Les places boursières voient rouge. Une dégringolade des marchés mondiaux liée à la situation de la Bourse de Shanghai : cette dernière a terminé, lundi 24 août, sur un plongeon de presque 8,5%, soit sa plus forte baisse journalière depuis huit ans. Elle a entraîné dans sa chute l'ensemble des marchés asiatiques, qui enregistrent des niveaux inédits depuis trois ans. Une situation qui a également plombé le moral des places européennes.
Francetv info revient sur les principales raisons de ce décrochage qui touche les marchés depuis la mi-juin.
Parce que la croissance chinoise inquiète les investisseurs
La deuxième économie mondiale s'essouffle. La croissance chinoise ne cesse de ralentir. Elle était de 7,4% en 2014, à son plus bas niveau depuis 1990 et est descendue à 7% pour les deux premiers trimestres de 2015. "Les autorités chinoises ont sous-estimé le ralentissement de leur économie", indiquait à francetv info à la mi-août Jean-Joseph Boillot, conseiller du club du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).
Tous les indicateurs confirment un coup d'arrêt pour l'économie du pays. Publié vendredi 21 août en Chine, l'indicateur manufacturier de référence a atteint son plus bas niveau depuis six ans. L'activité manufacturière chinoise a fortement ralenti au mois d'août.
"Les réactions des marchés asiatiques reflètent le sentiment des investisseurs et leur conviction qu’un atterrissage brutal (de l’économie chinoise) est inévitable", analyse Evan Lucas, du courtier IG Markets. Les investisseurs s'inquiètent de la fragilité de l'économie du pays mais également de son impact sur la croissance mondiale.
Parce que Pékin ne parvient pas à rassurer les marchés
Les autorités chinoises multiplient les efforts. Après des dévaluations successives du yuan, Pékin a annoncé, dimanche 23 août, que le gigantesque fonds de pension national allait être autorisé à investir jusqu'à 30% de ses actifs nets en actions. Ce gigantesque fonds serait doté, selon les médias officiels chinois, de 3 500 milliards de yuans (476,4 milliards d’euros) d’actifs à la fin 2014. Mais la mesure n'a pas convaincu les investisseurs, notamment l'écrasante majorité des particuliers et petits porteurs.
"C'est une avancée positive", mais en l'absence d'un nouvel assouplissement de politique monétaire par la banque centrale ou d'''autres mesures de grande ampleur", "les investisseurs ont apparemment été déçus", commente Gerry Alfonso, analyste du courtier Shenwan Hongyuan, cité par Bloomberg. La méfiance est de rigueur chez les experts. "Les interventions du fonds de pension ne vont pas se réaliser avant longtemps, et les valorisations sont encore trop élevées", souligne de son côté Qian Qimin, expert de la même maison de courtage.
A noter que la dévaluation de la monnaie locale ne semble pas avoir relancé l'économie chinoise, et notamment les exportations. Jean-Joseph Boillot assure qu'une telle mesure peut avoir des effets néfastes : "L'inquiétude pourrait grandir en Chine, et notamment au sein des entreprises. Il y a un risque de créer de l'attentisme."
Parce que les marchés pâtissent de multiples facteurs
Le marché des matières premières plombe aussi le moral des investisseurs. Les cours du pétrole se sont repliés, évoluant sous 40 dollars le baril à des niveaux inédits depuis six ans. Selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), cette baisse s'explique par "la surabondance de l'offre et la fragilité de la demande". Le contexte international tendu joue aussi sur cette baisse de prix de l'essence. La crise de la dette en Grèce, l'accord sur le nucléaire iranien et, bien entendu, la dégringolade de la Bourse chinoise impactent les cours du pétrole.
Les investisseurs ont également le regard tourné vers les Etats-Unis et l'Europe, où des publications de statistiques devraient sortir au cours de la semaine, indique Les Echos. Une nouvelle estimation de la croissance des Etats-Unis pour le second semestre sera notamment publiée jeudi 27 août. Mais un pays comme la Chine attend surtout l'augmentation des taux annoncée par la Fed, la Réserve fédérale des Etats-Unis. "La Chine paie aussi le prix de ce raidissement à venir de la politique monétaire américaine", affirme Michel Santi, fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance, dans La Tribune. Le prix des marchandises chinoises pourrait encore baisser.
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