"Baleine de Londres" : 920 millions de dollars d'amendes pour la banque JP Morgan
Mise en cause pour des manquements de ses systèmes de contrôle internes, la banque américaine avait perdu plus de 6 milliards de dollars à cause de positions trop risquées. Au cœur de l'affaire figure un trader français.
En plus des pertes colossales qu'elle a essuyées dans cette affaire, la banque américaine JP Morgan Chase va devoir payer 920 millions de dollars (679 millions d'euros) d'amende dans l'affaire dite de la "Baleine de Londres", a-t-on appris jeudi 19 septembre.
Qu'est-ce que la "Baleine de Londres" ?
La "Baleine de Londres" était le surnom donné à Bruno Iksil, un trader français d'une unité londonienne de JP Morgan, en raison de ses énormes positions risquées dans les dérivés de crédit. Début 2012, ces positions étaient devenues trop visibles. Les autres traders s'étaient retournés contre lui, forçant la banque à solder ses positions.
Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, avait initialement minimisé l'affaire de la "Baleine", la qualifiant de "tempête dans un verre d'eau". Quelques mois plus tard, la banque avait cependant reconnu que ses pertes se chiffraient à plus de six milliards de dollars.
Que reproche-t-on à la banque ?
Les régulateurs reprochent à JP Morgan des manquements de ses systèmes de contrôles internes. La SEC l'a aussi accusée d'avoir faussé ses résultats financiers, et indique dans son communiqué que la banque "a reconnu les faits" et admis avoir violé la loi. Les accords annoncés jeudi avec les quatre régulateurs sont "une étape majeure dans les efforts de l'entreprise pour mettre ces problèmes derrière elle", a commenté JP Morgan dans un communiqué, où la banque assure qu'elle "continue de coopérer avec les enquêtes en cours".
"Nous avons accepté notre responsabilité et reconnu nos erreurs dès le départ, nous en avons tiré les leçons et nous avons travaillé pour les réparer", a assuré le PDG de la banque, Jamie Dimon. Bruno Iksil a lui-même passé un accord avec les autorités lui garantissant l'immunité en échange de sa coopération. Un de ses subordonnés, le Français Julien Grout, et son supérieur espagnol Javier Martin-Artajo, ont en revanche été inculpés par les autorités américaines. Celles-ci les accusent d'avoir dissimulé les pertes de la banque dans cette affaire. Javier Martin-Artajo a été arrêté en Espagne fin août.
Quel est le détail des sanctions ?
Aux Etats-Unis, JP Morgan a accepté de payer 200 millions de dollars au gendarme boursier (SEC), 300 millions à son régulateur (OCC) et 200 millions à la Réserve fédérale (Fed), tandis qu'au Royaume-Uni, elle paiera 220 millions de dollars à l'autorité boursière FCA.
Dans un document publié séparément sur le site internet de la SEC, la banque précise qu'elle n'est pas à l'abri d'autres amendes. En effet, le département de la Justice (DoJ), le régulateur des marchés de produits dérivés (CFTC) et les autorités financières de l'Etat du Massachusetts (Massachusetts Securities Division) continuent notamment d'enquêter.
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