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Loin des "gilets jaunes", au large de l’Angola, le pétrole se fore en eaux toujours plus profondes

franceinfo s'est rendu sur Kaombo Norte, pièce maîtresse d'un projet offshore du géant pétrolier Total qui entre tout juste en production. 

Article rédigé par Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le navire plateforme "Kaombo Norte" de Total, à 260 km des côtes de l’Angola. (ISABELLE CHAILLOU / RADIOFRANCE)

C'est une gigantesque usine en pleine mer, longue de 300 mètres, à 260 km des côtes de l'Angola. Cette plateforme pétrolière est la dernière-née du géant français Total. Ce qui frappe quand on s'approche en hélicoptère, c'est le souffle d'une flamme haute de 30 mètres, qui surplombe un enchevêtrement de conduits et de vannes. Mais l'essentiel du complexe pétrolier est au fond de l'océan, explique Cyril de Coatpont, le directeur du projet : "Sous nos pieds il y a 59 puits. Tous ne sont pas forés. On a presque 300 kilomètres de tuyaux." Ces oléoducs ont été posés au fond de l'eau pour relier les six nappes du nouveau champ, éparpillées sur 800 km2, l'équivalent de la surface de Paris et de sa proche banlieue.

Au large de l'Angola, le gisement offshore Kaombo Norte exploité par Total. (ISABELLE CHAILLOU / RADIOFRANCE)

Kaombo est un investissement de 16 milliards de dollars pour aller puiser du pétrole à plus de 1 500 mètres de fond. Quasiment un record, d'après le géologue de Total, Pierre-Louis Pichon : "Les zones qui étaient les plus accessibles, d'abord à terre, ensuite avec 200 mètres de profondeur d'eau, puis par 700 mètres, ont déjà été explorées. On va donc de plus en plus loin pour trouver de nouvelles ressources. Là, le fond de l'eau est à 2 000 mètres de la surface. Ensuite, il faut ajouter 2 000 mètres de sédiments à traverser jusqu'à trouver nos réserves."

115 000 barils produits chaque jour

À cette profondeur, il est impossible d'installer une plateforme traditionnelle. C'est un ancien tanker, un gros navire pétrolier, qui a été transformé. À la proue, un touret géant, une structure métallique de 80 mètres. Une prouesse technologique. "C'est un gros cylindre qui pèse quand même 10 000 tonnes, explique Cyril de Coatpont. C'est par là que le pétrole venant des puits entre. Le touret est lui même ancré au fond de la mer par neuf lignes qui font plus de deux kilomètres chacune. Le touret est fixe et le bateau tourne autour en fonction des courants et du vent. Sa fonction est double : ancrage et interface avec la surface, et l'usine de traitement qui est sur le bateau."

Dans cette usine, on sépare le pétrole, le gaz et l'eau. Benoît Tanguy, un jeune ingénieur, fait partie des 150 employés qui se relaient "H24" pour produire 115 000 barils par jour, mais aussi pour exporter directement cette huile pétrolière. "Tous les dix jours, on a un tanker qui peut accueillir de l'ordre de 1,2 million de barils qui vient se connecter via un pipe flexible. Et on transfère l'huile en l'espace de 36 heures."

Ces tankers achemineront sur des milliers de kilomètres le pétrole de Kaombo vers des raffineries. Transformé en gazole ou en essence, il se retrouvera peut-être près de chez de vous, à la pompe d'une station service.

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