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"Dieselgate" : trois ans après, "il y a toujours un décalage entre le test (de véhicules) et la réalité"

Selon Florent Grelier, ingénieur véhicule propre pour l'ONG Transport & Environment, interrogé mardi sur franceinfo, "il y a toujours un décalage entre les tests et la réalité" des émissions de polluants.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La France est championne d'Europe en la matière avec près de 9 millions de véhicules concernés. (JULIAN STRATENSCHULTE / DPA)

Trois ans après le "dieselgate" [la révélation de la fraude aux tests anti-pollution des moteurs diesel de Volkswagen], le nombre de véhicules diesel "sales", ne respectant pas les normes d'émission de polluants, continue d'augmenter, selon un rapport de l'ONG Transport & Environment publié lundi 18 septembre. Selon Florent Grelier, ingénieur véhicule propre pour l'ONG, interrogé sur franceinfo, "il y a toujours un décalage entre les tests et la réalité" des émissions de polluants. La France est d'ailleurs championne d'Europe en la matière avec près de 9 millions de véhicules concernés, sur les 43 millions qui circulent en Europe.

franceinfo : Est-ce que cette hausse du nombre de véhicules polluants vous étonne ?

Florent Grelier : Ce nombre de 43 millions est en augmentation depuis deux ans, donc ce n'est pas vraiment une surprise pour nous, mais c'est accablant de voir tous ces véhicules très polluants qui continuent de rouler encore aujourd'hui. C'est d'autant plus inquiétant que ce chiffre ne concerne que les véhicules "récents", issus des normes Euro 5 et Euro 6, donc immatriculés après 2009.

Donc rien n'a changé depuis le dieselgate ?

La commission européenne a mis en place de nouveaux tests ce mois-ci, un n nouveau test en laboratoire et sur route. Mais les véhicules issus de ces tests arrivent tout juste sur le marché, il est donc trop tôt pour voir des baisses effectives.

Et encore, nous avons des doutes sur ces tests. Les essais sur route notamment sont assez limités par rapport au dénivelé, à l'altitude et au style de conduite étudiés. Dans le rapport que nous publions ce matin, nous avons justement un test de voiture, qui montre qu'après ce test réglementaire, les émissions augmentent à nouveau et vont au-delà de la limite autorisée. Dès que vous allez dans les collines, les montagnes, où vous avez un style de conduite plus dynamique, avec des accélérations plus franches, vous sortez facilement des données du test sur route.
Les constructeurs se contentent du test obligatoire et ne vont pas du tout au-delà, il y a donc un décalage entre le test et la réalité, la façon dont les gens conduisent au quotidien, dans différentes zones, avec différents styles.

Vous diriez donc qu'il y a une sorte d'impunité des constructeurs automobile ?

Je pense qu'il y aura plus d'attention portée à ces véhicules-là, le scandale a apporté des "bénéfices" sur ce plan. Mais cela reste encore à être démontré dans le temps. Ce qu'on voit également dans notre rapport, c'est que les véhicules essence posent eux aussi problème, en terme d'émissions de particules [alors que les diesel émettent principalement des oxydes d'azote, NOx]. Vous avez aussi tout un tas de polluants qui ne sont pas réglementés, comme le benzène, cancérigène. Ils ne sont pas du tout filtrés. La question est désormais de savoir si l'on arrivera un jour à rendre ces véhicules réellement propres ou ne serait-ce pas temps de passer sérieusement à une transition vers zéro émission, comme les véhicules électriques par exemple ?

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