Automobile : trois questions sur la plainte collective qui va être déposée contre Renault
Près de 2 000 propriétaires de voitures Renault, Dacia et Nissan vont porter plainte lundi 5 juin, dans l'après-midi, auprès du tribunal correctionnel de Nanterre. Ils vont déposer une plainte pour "tromperie, mise en danger de la vie d'autrui, escroquerie et pratiques commerciales trompeuses", contre le groupe Renault. Les plaignants dénoncent des moteurs défectueux.
1 Sur quoi porte exactement cette plainte ?
Elle concerne le risque de casse moteur qui est plus élevé chez certaines voitures essence. D'après l'avocat qui porte le dossier, certains conducteurs roulaient sur l'autoroute, et au moment où ils doublaient un camion, leur vitesse passait brusquement de 130 à 60 km/heure. Cette grosse frayeur est liée à un problème de fuite d'huile. Cette huile se mélange alors à l'essence et produit de la calamine, des déchets carbonnés qui s'accumulent. Les soupapes, ces pièces très importantes pour évacuer le gaz, finissent par se gripper et se briser, ce qui conduit donc à une casse moteur pour des voitures qui affichent entre 40 000 et 80 000 kilomètres au compteur. A priori, ce problème n’est à l’origine d’aucun accident corporel.
2 Beaucoup de clients ont-ils été touchés par ce brusque ralentissement ?
Des centaines de clients sont concernés, d'après l'avocat des plaignants. Ce dysfonctionnement touche le moteur essence, le 1.2 TCE qui a été fabriqué entre 2012 et 2016. Ce moteur équipe notamment les Renault Clio, Mégane, Kangoo mais aussi les Dacia Duster. Au total, cela représente 133 000 véhicules en France. Pourtant, d'après Renault, "moins de 10 %" d'entre eux "ont pu rencontrer un phénomène de surconsommation d’huile", c'est-à-dire 13 000 véhicules. Le constructeur précise aussi que ce problème d'huile n'aboutissait pas toujours à des casses moteurs en plein milieu de l'autoroute.
3 Ce problème a-t-il été identifié depuis longtemps ?
D'après les plaignants, Renault "avait connaissance des vices de ces moteurs depuis 2015" et a dissimulé ces informations. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir avait déjà lancé l'alerté en 2019. Le groupe Renault assure que 93 % des clients qui ont rencontré des problèmes ont reçu une réponse technique et une prise en charge financière. Malgré tout, pour les plaignants, cette prise en charge ne va pas assez loin et ne couvre pas tous les frais de réparation du moteur, d'où la plainte au pénal, notamment pour obtenir des dédommagements. Après le dépôt de plainte, un procureur décidera ou non d'ouvrir une enquête.
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