: Info franceinfo "On nous insulte tous les jours" : la plateforme Uber Eats va mettre en place un bouton "anti-discrimination"
Après plusieurs agressions de livreurs ces derniers mois, la plateforme de livraison de repas va lancer, d'ici la fin de l'été, un bouton "anti-discrimination" pour permettre aux livreurs de signaler une agression.
Après les agressions de livreurs à Laval et à Cergy, la plateforme Uber Eats va mettre en place un bouton "anti discrimination" sur son application d'ici la fin de l'été, a appris franceinfo. À Paris, le Collectif des livreurs autonomes de plateformes dénonce la banalisation de ce racisme, envers une population souvent très précaire et sans papier. Les livreurs sont appelés à manifester ce vendredi 18 juin à 15h, place de la République.
Des livraisons ponctuées d'insultes, voire de coups
Pour eux, ces faits ne sont pas des actes isolés mais bien leur quotidien. Adossés à leurs scooters, dans l'attente d'une nouvelle course, ces hommes pour la plupart en situation irrégulière partagent leurs derniers déboires. Idriss dit avoir été frappé en mars 2020, des faits qui n'ont toujours pas été jugés malgré sa plainte. "Lorsque je suis arrivé, j'ai tendu la commande au client et il m'a donné un coup sur la tête", raconte-t-il, "J'ai crié : 'Au secours !' et les voisins sont arrivés. L'homme a commencé à dire : 'Sale nègre, rentrez chez vous ! Ici c'est Paris, vous n'avez pas le droit d'être ici.' J'ai déposé plainte, j'ai tous les papiers. Mais jusqu'à maintenant, la police ne m'a jamais rappelé, et chaque fois c'est comme ça."
Cette haine décomplexée, les livreurs l'expliquent aussi par le système de notation mis en place par les plateformes. Dans un secteur très concurrentiel, le client est devenu roi. Et pour les livreurs, Uber Eats, le leader, ne les soutient pas assez. "Quand on nous traite d'esclaves, de négro, c'est Uber qui est à l'origine de tout ça. Parce que s'ils nous donnaient les moyens de nous faire respecter, les clients ne se permettraient jamais de nous insulter", affirme Mohamed. "Ils n'écoutent que le client, ils s'en foutent de toi", ajoute Souleymane. "Mais le client dit ce qu'il veut et après Uber Eats bloque ton compte, ils ne te demandent pas ton avis. On nous insulte tous les jours. On ne demande pas beaucoup, juste le respect."
La mise en place d'un bouton "anti-discrimination"
De son côté Uber se défend et assure faire preuve de réactivité après chaque signalement. Son dispositif va d'ailleurs être renforcé avec la mise en place d'ici la fin de l'été d'un bouton "anti-discrimination". C'est ce qu'explique Rym Saker, porte-parole d'Uber France : "Cela permettra à nos équipes de pouvoir rappeler en priorité la personne qui a été victime d'une agression pour ainsi prendre les mesures adéquates après cet incident. La course est géolocalisée, nous disposons des adresses, ce qui permet de fournir des informations qui peuvent être extrêmement précieuses aux forces de l'ordre dans le cadre d'une enquête."
D'autres actions sont prévues après la manifestation de vendredi, notamment le boycott de certains restaurants. Des établissements ou des chaînes de fast-food dans lesquels certains employés ont déjà tenu des propos racistes.
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