Audiences et finances : TF1 prend un bouillon historique

Les communiqués officiels préparent le terrain afin que les marchés ne soient pas pris à froid au moment de la publication officielle des résultats. Car, dans le sillage de la suppression progressive de la publicité sur les chaînes publiques, les analystes financiers s’attendaient à de bien meilleurs résultats pour les chaînes privées, TF1 en tête.

Mais la crise est passée par là, s’accompagnant d’une "dégradation du marché publicitaire" et d’une "très forte pression (des annonceurs) sur les prix". Dans son communiqué officiel, TF1 n’oublie pas non plus de fustiger "la nouvelle taxe relative au financement de l’audiovisuel public", imposée par l’Elysée pour provisionner une partie de la compensation qui sera versée dans les caisses de France Télévisions.

Résultat, une perte opérationnelle comprise entre 10 et 15 millions d’euros au premier trimestre pour la Une, due à une chute de 27% du chiffre d’affaires publicitaire à 321 millions d’euros. TF1 annonce également un bénéfice net trimestriel compris entre 5 et 10 millions d’euros, là où le marché tablait sur 20 millions. Enfin, le chiffre d’affaires accuse un recul de 18% sur le premier trimestre, une baisse déjà supérieure aux 9% envisagés pour l’ensemble de l’année. Du jamais vu depuis la privatisation de la Une il y a tout juste 22 ans.

La petite chaîne qui monte n’est pas épargnée, même si le tassement est moins douloureux pour M6 que pour TF1. Son chiffre d’affaires est en recul de 11% à 147 millions d’euros.

Haro sur les aides publiques de France Télévisions

Dans le même temps, les petites de la TNT viennent grignoter les audiences des grandes. En mars, la moyenne des audiences de M6 s’établissait à 10,7% (contre 11% il y a un an), et à 26,3% pour TF1 (contre 27,2%). Dans ce contexte, seule Canal + semble tirer son épingle du jeu, avec une audience stable et des résultats financiers qui reprennent des couleurs (+4,4% en 2008 par rapport à 2007) après des années de disette.

Avant de s’interroger sur leurs propres choix stratégiques, les "privées" envisagent déjà de s’attaquer aux aides publiques offertes à France Télévisions pour compenser la suppression de la pub après 20 heures. Des "actions pourraient être entreprises" au niveau de Bruxelles, prévient l’Association des chaînes privées. L’avenir dira si les tentatives de déstabilisation du financement de l’audiovisuel public permettent aux chaînes privées de s’en tirer à bon compte.

Gilles Halais