Arrêt de l'A380 : "Un pari" fait "trop tôt", son arrêt "était une suite presque logique hélas", selon la CFE-CGC
La responsable CFE-CGC Françoise Vallin, chargée des sites de Toulouse, Nanterre et Saint-Nazaire de Airbus Group réagit jeudi à l'arrêt de la production de l'A380 par l'avionneur.
L'A380 était "un pari" fait "trop tôt" sur les prévisions de voyages de masse et l'annonce de l'arrêt de sa production "était une suite presque logique, hélas", réagit la responsable CFE-CGC Françoise Vallin, chargée des sites de Toulouse, Nanterre et Saint-Nazaire de Airbus Group, jeudi 14 février sur franceinfo.
franceinfo : Aviez-vous eu vent de l'arrêt de la production de l'A380 ?
Françoise Vallin : Elle se précisait de jour en jour avec les communications, les informations qui commençaient à arriver progressivement des Emirats disant qu'il y avait des menaces sur la commande qu'ils avaient passée il y a un an et qui avait permis déjà de sauver ce programme, donc disons que c'était une suite presque logique, hélas, d'avoir ce matin ce communiqué de la direction pour l'arrêt du programme.
Y a-t-il un regret parmi les salariés ? Avez-vous un attachement à cet appareil ?
Je crois que oui et ça va même au-delà des salariés. Ça touche également l'ensemble des passagers, ceux qui ont eu la chance, le bonheur de pouvoir voyager à bord de cet appareil et ça restera encore longtemps. Je pense que oui, ils y sont attachés parce que c'est cet appareil mais ce sont aussi toutes ces installations industrielles formidables, cette usine Jean-Luc Lagardère ici à Toulouse et dans d'autres sites, tous ces investissements qui ont été réalisés et qui resteront, même au-delà de cet appareil.
L'A380 n'était-il pas adapté aux vols long courrier ? Était-ce une erreur stratégique ?
Quand vous décidez du lancement de ce genre de programme, c'est toujours une décision stratégique lourde. Il se passe qu'après il y a une conjoncture économique, technique, technologique, qui a rattrapé ce programme. Un pari qui a été fait, peut-être qu'il a été fait trop tôt, sur des hubs, ces gros ensembles aéroportuaires et ces grosses masses de transports de passager. Alors peut-être qu'il y aura ça aussi qui nous fera encore plus regretter, si tant est, dans quelques années cette logique se remettra en place, celle qui avait prévalu, cette stratégie à lancer ce programme.
3 000 à 3 500 postes pourraient être affectés. Pensez-vous qu'il y aura des suppressions d'emplois ?
Non, on n'en parle pas vraiment parce qu'il y a des possibilités vraisemblablement de redéploiement sur d'autres programmes. Pour autant, il faut garder un petit peu de recul par rapport à ça parce que peut-être que les situations qu'il faudra apprécier par rapport à chaque site, chaque pays, sont différentes. Je voudrais rester confiante en tout cas pour la partie française. (…) C'est l'objet de toutes les discussions que l'on va avoir maintenant avec notre direction concernant les conséquences sociales de cet arrêt. C'est le premier chiffre qui a été donné et il concerne l'ensemble des sites puisque tous les pays européens avaient une partie de fabrication de cet appareil, avec des chaînes d'assemblage ici à Toulouse.
Progressivement, il y avait déjà eu des redéploiements de salariés puisque les baisses de cadence avaient amené des salariés à aller sur d'autres programmes, et il faut souhaiter que ces redéploiements puissent aller jusqu'au bout. Il faut souhaiter que les derniers salariés qui y travailleront, jusqu'en 2021, soient accompagnés également - puisqu'il faudra bien aller jusqu'en 2021 pour livrer les derniers appareils. Donc c'est tout un ensemble de discussions et de mesures que l'on va avoir dans les prochains jours, exposés par la direction et sur lesquels nous auront bien entendu notre mot à dire pour faire en sorte que la partie sociale se passe au mieux.
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