Départs en vacances : avec le Covid-19, le monde est encore "loin d'être grand ouvert pour le touriste français", analyse un spécialiste
Il s'agit du premier week-end de départs pour les vacances d'été. "L'été pour les Français c'est traditionnellement un tourisme hexagonal mais la crise l'a porté à des proportions jamais atteintes", explique l'anthropologue Jean-Didier Urbain.
Tandis que les premiers départs en vacances commencent, cette année 2021 "pour le touriste Français, le monde est loin d'être grand ouvert" à cause de la pandémie de Covid-19, analyse samedi 3 juillet sur franceinfo Jean-Didier Urbain, anthropologue de la mobilité, spécialiste du tourisme.
franceinfo : La pression de l'immobilité s'est accumulée depuis le début de la crise sanitaire. Faut-il s'attendre à des voyages exubérants dans les mois qui viennent ?
Jean-Didier Urbain : Pas encore, la cocotte-minute n'est pas encore ouverte. Elle aurait même plutôt tendance à se refermer comme on le voit dans certains pays avec un regain de l'épidémie au Portugal notamment. Quand on voit la carte du ministère des Affaires étrangères publiée jeudi, on s'aperçoit que, pour le touriste Français, le monde est loin d'être grand ouvert.
De toute façon, l'été pour les Français c'est traditionnellement un tourisme hexagonal mais la crise l'a porté à des proportions jamais atteintes. En gros, 94% sont restés en France en 2020 et on devrait être à 85% cette année. Je ne pense pas que la grande évasion sera pour cet été mais la grande diffusion sur le territoire national sera pour cet été. Il y a des régions qui ont découvert un tourisme en expansion comme jamais à l'été 2020 comme les Vosges, la Dordogne, les Hautes-Pyrénées, l'Ardèche ou le Jura. On remarque des augmentations qui oscillent entre plus 80% et plus 70% de fréquentation.
Cette tendance et cet intérêt pour nos coins de France vont-ils s'installer pour longtemps ou est-ce conjoncturel ?
C'est purement conjoncturel mais on en retirera toujours une leçon. Cette alternative entre un tourisme de proximité et un tourisme plus lointain va marquer les esprits puisqu'il y a des logiques de redécouverte des régions qui va nous donner envie d'y retourner. De toute façon, on s'achemine vers un tourisme plus proche pour des raisons économiques. On ne va plus traverser l'Atlantique pour 48 heures mais cela ne veut pas dire pour autant que le tourisme lointain a vécu ses dernières heures.
Y-a-t-il le souci d'un tourisme plus écoresponsable ?
Oui, ce souci fait des gros progrès. Cet effort dominant de voyages qui étaient les courts séjours va profondément se réviser parce que c'est le plus préjudiciable pour l'environnement et pour les économies locales. On partira peut-être moins souvent. Pour un Parisien, le taux de départ moyen c'est cinq ou six départs par an. Il ne faut pas être non plus naïf, les industries du tourisme sont dans les starting-blocks et dès qu'elles pourront redémarrer comme avant elles le feront. Il faut faire très attention aux moyens de transports. L'effet pervers de la pandémie c'est d'avoir valorisé les moyens de transports individuels. C'est la voiture qui profite le plus de cette crise à cause d'une méfiance sanitaire. Il faut laisser le temps à cette méfiance de se dissiper.
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