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Comment survivre aux vacances (avec les autres)

Il est rare de passer ses congés seul sur une île déserte. Que l'on parte en famille ou avec des amis, la question reste la même : va-t-on se supporter ? Voici quelques conseils pour y parvenir. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Des étudiants américains célèbrent la fin des examens (le "springbreak"), à Acapulco, au Mexique, le 21 mars 2005.  ( REUTERS)

Les vacances donnent l'occasion de profiter de moments privilégiés avec des êtres chers. En théorie. Dans les faits, il arrive que la promiscuité, l'absence de repères ou une mauvaise préparation fassent de votre séjour en famille, entre amis ou en amoureux, un enfer.

Francetv info s'est penché sur un problème plus courant qu'il n'y paraît et dont la solution, à chaque fois, tient en un mot.

Chez les parents ou les beaux-parents : compréhension

Pour Annette, 27 ans, passer deux semaines chez ses parents à la campagne semblait être une bonne idée détente. Du moins, le temps d'éponger son découvert. "Au début tout se passe bien, je me fais couler des bains, je lis plein de bouquins et je surkiffe cette vie loin de tout", explique cette musicienne parisienne. Jusqu'au soir où elle décide de flâner sur le net. "Ça a été un drame !" raconte-t-elle. S'ensuit une semaine de reproches : "Je ne passe pas assez de temps avec eux, je viens 'profiter' du frigo, ma mère est choquée que je boive du vin à table, elle dit qu'à Paris, je fais trop la fête, que je fume, etc." 

Pour la psychiatre et psychanalyste Laurence Sriber, citée par le magazine en ligne Auféminin, il faut impérativement déterminer "la durée maximum supportable" d'un voyage chez les parents et les beaux-parents. Car, quel que soit l'âge, la maison familiale, "c'est le lieu où l'on rejoue souvent les schémas de l'enfance (...)" "On me parlait comme si j'avais 5 ans", confirme Lisa, 29 ans, en se remémorant ce séjour en famille, si important pour ses parents et si éprouvant pour elle. Famille composée de fortes personnalités, festins tous les jours, activités en pagaille et cousins venus spécialement de l'étranger : impossible de se ressourcer. Une goutte d'eau suffit à faire déborder le vase. "Mon père m'a reproché d'avoir laissé pendre la sangle de mon appareil photo, posé sur une commode. Après toutes les petites réflexions des jours précédents, j'ai explosé. J'ai claqué la porte et j'ai fait du stop pour rejoindre la gare la plus proche. J'ai eu un sentiment de libération."

 

"Vous ne pouvez pas vous débarrasser de ces trucs ? On dirait que je suis mort dans un accident de voiture il y a des années et que vous avez tout laissé en l'état."  (MAKEMELAUGHFIFS.TUMBLR.COM)

"Il n'y a pas de solution miracle, explique la psychiatre. Chaque personne est différente, il faut apprendre à mieux se connaître, mieux connaître les autres et surtout accepter leurs différences." Dans ce cas précis, Lisa (qui précise qu'elle aime ses parents !) a dû bousculer les codes familiaux et proposer de se mettre autour d'une table pour discuter. 

Avec les enfants : organisation

"Pour les enfants, surtout les plus jeunes, le concept même de changer de pays et de culture est flou et nécessite une préparation", explique le site Voyage en famille, tenu par un couple de globe-trotters québécois et très riche en conseils. Ils préconisent de préparer les enfants psychologiquement au grand départ. Dites-leur qu'ils découvriront une autre langue, culture, température, par exemple en leur montrant des photos, et donnez-leur un avant-goût du voyage en avion (à quoi ressemble un aéroport, l'intérieur d'un avion, etc.) Les enfants "ont une capacité d'adaptation de loin supérieure à celle des adultes, ce qui en fait d'excellents voyageurs", poursuivent-ils. Mais attention, "les difficultés quotidiennes (crises, dodo, etc.) nous suivent en voyage (...). Partir à l'aventure avec ses enfants n'est pas un bon moment pour faire un bilan de vie personnelle et de la méditation, mais toute l'énergie investie pendant le voyage vous sera rendue mille fois en solidifiant votre noyau familial."

Le Routard conseille, pour sa part, d'opter pour la France ou les pays limitrophes, pratiques en cas de soucis, pour les îles aux infrastructures touristiques développées, ou encore pour l'Amérique du Nord, où les risques sanitaires sont faibles. Sur place, le programme doit être riche mais pas épuisant, pour vous comme pour eux. Les éditions Lonely Planet proposent des guides de voyage spécialement conçus pour les plus jeunes. La collection Interdit aux parents s'adresse aux 8-11 ans, pour des activités bien ciblées. 

  (4GIF.COM)

Partir préparé et équipé (les couches, un bon stock de vêtements et une trousse à pharmacie bien remplie) est indispensable. Préférez la poussette, plus polyvalente, au porte-bébé qui ruine le dos et pensez à embarquer assez de distractions pour occuper les longues heures de route, de train ou d'avion. 

Enfin, la sécurité de la famille est évidemment un facteur de stress. Pour apprendre ou revoir les gestes qui sauvent, la Croix-Rouge propose régulièrement des formations Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1), pour un coût de 60 euros (10 heures de formation). 

Entre potes : solidarité

Même avec des amis proches, voyager en groupe nécessite un tempérament plus conciliant que d'habitude. Car en cas de pépin, la solidarité suffira à surmonter les épreuves. Et éviter de se faire des mauvais souvenirs, comme Benjamin, 28 ans, qui n'a pas oublié l'été 2003. "Je suis parti en van direction Barcelone, avec mon frère et deux potes, raconte-t-il. C'était l'année de la canicule et on devait dormir la porte entrouverte. Sur place, on a vraiment abusé sur l'alcool. Résultat : on s'est fait braquer le van deux fois de suite sans s'en rendre compte. Au réveil, on n'avait plus un centime, plus d'affaires, plus d'autoradio. On est rentrés en Bretagne sans s'adresser la parole. Et sans musique." 

 

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Puisque les bons comptes font les bons amis, il est important de garder une comptabilité claire : dans l'idéal, un pot commun pour les grosses dépenses (location de voitures, courses au supermarché, etc.) et un trésorier désigné. Pour les dépenses exceptionnelles, soyez souples : mieux vaut déjeuner séparément que se bagarrer sur le choix du restaurant. S'il faut bien se mettre d'accord sur la tonalité du voyage (farniente ou rando ? Visite culturelle ou shopping ? Ibiza ou Larzac ?), il faut savoir se séparer quelques heures au gré des envies de chacun sans sacrifier les activités de groupe. 

Evitez par ailleurs les erreurs de casting et les invités surprises dont vous ignorez tout, ou que vous n'appréciez pas. En groupe, l'empathie et la diplomatie ne sont pas incompatibles avec l'honnêteté, alors même si vous vous revendiquez "cash" et que vous vous qualifiez de "personne tellllllement entière, tu comprends", il est impératif de mettre les formes quand vous soulignez que la vaisselle ne se fera pas toute seule. La promiscuité et la vie en petite communauté exacerbent les tensions : pour la répartition des tâches pénibles (nous sommes en 2013, le barbecue n'est pas forcément une affaire d'hommes et la vaisselle une histoire de femmes), essayez de répartir équitablement les corvées au préalable. S'il n'y a pas de volontaire, organisez des roulements. 

En couple : concertation 

Vous voulez être sûr(e) que c'est le (la) bon(ne) ? Partez à deux ! Selon une étude britannique citée par le site du magazine Neon, seul un quart des couples qualifie leur premier voyage à deux de vacances "parfaites", 19% les jugent " plutôt moyennes" et 32% estiment avoir franchi ce pas "trop tôt". En effet, même si tout se passe bien à la maison, un bon voyage met le couple à rude épreuve. Emmanuelle, qui s'est séparée deux fois (mais du même homme) en vacances, raconte : la première fois, elle incrimine l'ennui. "Les autres années, on organisait des méga-fêtes à la maison. Et là, on se retrouve dans un bled espagnol à acheter des surgelés avec notre petit budget. On s'ennuie, on n'a plus rien à se dire, on ne veut pas la même chose." Séparation, puis réconciliation. Le couple part à Rome l'année suivante. La saison 2 de ces "vacances de l'amour bancal" s'achève dans un quartier pourri, à la recherche d'un Virgin Megastore : "Il me saoule pour trouver un vendeur de CD et acheter la pop italienne de son enfance (affreux) alors que je veux visiter les sites et me faire des terrasses tranquilles, déambuler dans les rues, 'toucher à la magie de Rome'."  

 

  (OHMAGIF.COM)

Avant de monter dans l'avion, soyez donc sûr d'avoir les mêmes envies ! Si elles diffèrent, faites preuve de pragmatisme. En Sicile, Julie a "fait la tête durant toute l'ascension de l'Etna. Je voulais prendre une navette, et mon copain trouvait que c'était un truc de touriste trop nul. Justement, moi ça m'allait très bien", rit-elle aujourd'hui, finalement pas mécontente d'avoir atteint le sommet (et d'avoir convaincu son copain d'enchaîner sur du shopping). A ce sujet, puisque la principale source de dispute se trouve dans le porte-monnaie, veillez à bien tenir la comptabilité.

Enfin, les défauts ne s'arrêtent pas à la frontière. Vous n'avez pas le sens de l'orientation ? Achetez un GPS. Et si vous possédez un plan : ACHETEZ UN GPS quand même. Voire une boussole. "Ni mon copain, ni moi n'avons le sens de l'orientation, explique Marie. En vacances en Ecosse, on s'est perdus en faisant une randonnée. On suivait bien le plan, mais on avait confondu l'Est... et l'Ouest. On s'est criés dessus au milieu des moutons, au sommet d'une montagne, face à une vue à couper le souffle." Dans ces cas-là, vous serez sauvés par votre capacité à relativiser. "On a boudé un peu, puis on s'est sentis ridicules. On avait de la chance d'être là ! Fallait en profiter." 

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