Un mémorial virtuel redonne vie aux Français exécutés entre 1940 et 1944
Le site Les fusillés 1940-1944, lancé cette semaine, rend hommage à 10 000 victimes de la répression pendant la seconde guerre mondiale.
Ils s'appelaient René, Félix ou Marie... Résistants ou simples civils, ils sont morts fusillés, pendus, brûlés, torturés pendant l'Occupation. Un site les sort de l'oubli en publiant des milliers de biographies, des photos et de bouleversantes lettres d'adieux, au terme de dix ans de travaux. Au cœur de ce monument aux morts virtuel se côtoient l'illustre Jean Moulin, des martyrs plus anonymes de la Résistance et de simples civils, massacrés par les Allemands ou leurs alliés pendant la seconde guerre mondiale.
Parmi eux, Charles Godillon, 36 ans, tourneur sur métaux et père de deux enfants, est raflé en juin 1944 à Tulle (Corrèze) par les SS, en guise de représailles contre les maquisards. Avant d'être pendu, il remet ce court billet à un abbé : "Au revoir, ma chérie, mes petits et toute ma famille que j'aimais tant. Appelle celui qui doit venir : Charles ou Marie. Je pars pour être fusillé : au revoir, mon amour, mes chéris." Son fils Charles naîtra trois mois plus tard.
Une centaine de chercheurs associés au projet
Au total, le site internet lancé cette semaine rend hommage à 10 000 victimes de la répression pendant la seconde guerre mondiale. La liste macabre des lieux d'exécution dressée sur le site fait revivre les épisodes les plus sombres de l'Occupation : Tulle, Maillé, Mont-Valérien, Oradour-sur-Glane. Cet ambitieux projet est le fruit d'une minutieuse démarche scientifique, menée par une centaine de chercheurs issus notamment du CNRS, de l'université Paris I-Panthéon Sorbonne et de l'université de Caen. D'ici trois à quatre ans, l'ambition est de rassembler sur ce site public et gratuit plus de 25 000 notices biographiques.
Alors que les déportés et les internés de la seconde guerre mondiale ont fait l'objet de nombreux travaux, "les 'fusillés' restent mal connus, sinon méconnus", explique Claude Pennetier, maître d'œuvre de ce projet. "Nous pensons aux familles, qui gardent une vraie sensibilité à ce passé, mais aussi à la transmission transgénérationnelle", ajoute cet historien du CNRS. Le travail mis en ligne offre un accès au plus grand nombre et reste "ouvert à toutes les coopérations et témoignages".
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