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"Le code informatique, c'est comme un trésor dont mes copains ignorent l'emplacement"

L'apprentissage du code informatique va être proposé en option dès la rentrée à des élèves de primaire. Francetv info s'est rendu à un stage d'initiation pour les 6-10 ans.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les jeunes stagiaires de Magic Makers apprennent les rudiments du code informatique, le 16 juillet 2014, à Paris. (VINCENT MATALON / FRANCETV INFO)

Il fait un peu plus de 25°C, mercredi 16 juillet, à Paris. Mais plutôt que d'aller à la piscine avec un centre aéré, Judith, Ido, et neuf autres enfants âgés de 6 à 10 ans ont rendez-vous dans une salle équipée de dizaines d'ordinateurs, dans le IXe arrondissement de la capitale. Pendant une semaine, ils y apprennent, tous les matins, les rudiments du code informatique, qui doit faire son entrée à l'école primaire sous la forme d'une option à la rentrée.

Un bandeau sur les yeux pour apprendre les bases

Le stage, organisé par l'entreprise Magic Makers, commence par un jeu "débranché". Par groupe de trois, les jeunes stagiaires composent sur un bout de papier un code qui leur servira à guider dans l'espace un de leurs camarades, lequel aura les yeux bandés. Judith, 9 ans, prend les choses en main. "10, ça voudra dire 'tout droit', et 15, 'tourne à droite', d'accord ?", explique-t-elle à Léonard et Calliste, 8 ans tous les deux. Et pour tourner à gauche ? "Ça sera 16, j'ai remarqué que les gauchers aimaient bien ce nombre", ajoute la petite fille, sûre d'elle.

Dans un autre coin de la pièce, Alexis, Ethan et Oren, respectivement 10, 9 et 6 ans, en font autant. Ils attribuent un chiffre à chaque direction, et y ajoutent un deuxième code pour indiquer le nombre de pas à effectuer. "Si c'est 'UN', on dira 'VO', 'DEUX', ça sera 'EFVY'... C'est le même mot, mais décalé d'une lettre de l'alphabet !", explique Ethan.

Alexis, Ethan et Oren (à gauche), ainsi que Judith, Léonard et Calliste préparent leur code pour l'exercice "débranché", à Paris, le 16 juillet 2014. (VINCENT MATALON / FRANCETV INFO)

Deux systèmes efficaces sur le papier, mais un peu moins lorsque les "cobayes" de chaque groupe se retrouvent au milieu de la pièce, un foulard sur les yeux, uniquement guidés par les instructions écrites quelques minutes plus tôt. Ainsi, le premier groupe n'a pas prévu de code pour "arrête-toi de marcher", et le second ne se souvient plus du mot qui correspond à "avance de six pas". "Avec cet exercice, on cherche à faire comprendre aux enfants qu'un code doit être compris par celui qui l'écrit, mais aussi par celui qui l'exécute", explique la cofondatrice de Magic Makers, Claude Terosier.

Cubes, chats, et "truc qui fait des couleurs"

Après une pause biscuits et grenadine, les apprentis codeurs s'installent enfin devant un ordinateur. A l'aide de Scratch, un logiciel de programmation créé pour les enfants par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), ils réalisent des jeux simples en empilant des cubes, qui correspondent à des instructions données au programme. Une animatrice est là pour les aider en cas de pépin.

Derrière son écran, Judith s'applique ainsi à créer une petite animation musicale sur le thème des fêtes de Noël et des chats. En appuyant sur les flèches "bas" et "haut" du clavier, l'animal change de couleur, tandis qu'une pression sur la barre espace le divise en plusieurs félins plus petits, "jusqu'à faire comme une sorte de tapisserie", explique la jeune demoiselle.

"Je croyais que ça allait être vraiment compliqué, mais finalement, c'est assez simple ! Même mon petit frère de 6 ans y arriverait", s'enthousiasme-t-elle en ajoutant une musique à son animation.

Ido, 9 ans, prépare une animation sur le logiciel de programmation conçu pour les enfants Scratch, à Paris, le 16 juilllet 2014. (VINCENT MATALON / FRANCETV INFO)

Deux mètres plus loin, Ido, 9 ans, planche sur "un truc qui fait des couleurs". Lorsqu'il apprend que des ateliers similaires seront proposés aux élèves de primaire à la rentrée, il a du mal à cacher son excitation. "Dans ma classe, j'étais le seul à m'intéresser aux ordinateurs", souffle-t-il de sa petite voix. "J'aimerais bien qu'il y en ait d'autres, parce que le code, c'est un peu comme un trésor caché dans un endroit que peu de personnes connaissent".

Des parents souvent initiés

Si les stages organisés dans ces locaux sont pensés pour rendre les bases de la programmation accessibles à tous, les parents des apprentis codeurs présents ce jour-là sont pour la plupart des professionnels des sciences ou de l'informatique. "Ce n'est pas vraiment étonnant, car les parents qui travaillent sur le web sont plus enclins à souhaiter que leurs enfants n'aient pas une attitude passive face aux écrans qu'ils utilisent tous les jours", juge Claude Terosier, alors que les stagiaires s'affairent sur leurs animations. 

La cofondatrice de Magic Makers, qui a créé un partenariat avec une association de lutte contre le décrochage scolaire pour initier au code des élèves plus défavorisés, espère que l'introduction de l'option en école primaire permettra d'élargir les adeptes de cette discipline.

Des bugs résolus par des enfants

Quelques minutes avant d'être récupérés par leurs familles, les programmeurs en herbe projettent leurs travaux sur le mur de l'atelier. Après chaque démonstration, les enfants montrent à leurs camarades le code qu'ils ont utilisé.

Les remarques des autres participants permettent à Alexis de se rendre compte de la présence d'un bug dans son jeu : en appuyant sur la touche "A" du clavier, son personnage peut traverser des murs théoriquement infranchissables. Un clic de souris, et le problème est résolu, ce qui lui vaut les applaudissements de l'animatrice.

Oscar, 9 ans et déjà trois stages de programmation au compteur, impressionne l'assemblée avec son labyrinthe. Il faut dire que le personnage, qu'il contrôle à l'aide du clavier, pousse un petit cri dès qu'il heurte un mur. "La vache ! C'est toi qui as fait tout ça ?", s'écrie un jeune stagiaire quand Oscar montre l'étendue des cubes utilisés pour programmer son jeu. Modeste, ce dernier avoue qu'il lui a fallu deux jours pour terminer son projet.
Oscar, 9 ans, montre le labyrinthe qu'il a créé à l'aide de Scratch, à Paris, le 16 juillet 2014. (VINCENT MATALON / FRANCETV INFO)

La matinée terminée, Oscar et son petit frère quittent l'atelier. Pour le petit prodige de Scratch, le programme de l'après-midi s'annonce plus conventionnel : rendez-vous chez l'orthodontiste et jeux au parc.

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